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quelles revit avec vérité, l’ensemble de leurs croyances, ou l’influence de leurs lois. Ce sont des témoignages du passé, dont les archéologues peuvent tirer parti, afin de pénétrer plus profondément dans les détails d’une existence intime qui ne nous est pas suffisamment révélée par les actes dont l’histoire garde le souvenir. L’histoire, d’ailleurs, peut être falsifiée par l’ignorance ou par la passion des hommes : les exemples n’en sont que trop nombreux. Au contraire, ce que la terre a enfoui, objet d’utilité ou de luxe, reste pour nous, comme un témoignage irrécusable que nous pouvons consulter, avec d’autant plus de sécurité, que l’origine n’est pas suspecte.

Dans la partie de l’Asie occupée primitivement par les hommes, et où se formèrent, après leur dispersion, de puissantes monarchies, les découvertes modernes mettent au jour, avec les briques, des vases de toute sorte. Il a été possible de les reconstruire et de constater qu’ils portent, dans leur forme, comme dans les procédés de leur fabrication, des traces non équivoques d’un perfectionnement considérable. L’homme n’arrive pas, du premier coup, à des œuvres d’un certain mérite. Il faut, dans les arts de l’imagination, comme dans les arts manuels, qu’il féconde par le travail, ses premiers essais, qu’il ramène à une règle ses tentatives hasardées, qu’il formule enfin, pour diriger sa conduite, les lois dont il a fait d’abord, à son insu, l’application.

Ces réflexions se présentent naturellement, dès qu’on porte son attention sur les premières manifestations de la vie artistique d’un peuple. L’étude des poteries les met en relief d’une manière sensible. Si tous les peuples ne sont pas arrivés au même point de perfectionnement, il est facile d’établir qu’ils sont passés par les mêmes phases, et qu’ils ont toujours obéi à la même loi divine du travail.

La civilisation venue de l’Asie, où se concentrèrent les premières traditions, et où l’homme, près de son berceau, semblait