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royaume des Wisigoths, eut enlevé tout espoir prochain de restauration religieuse et patriotique.

Le reliques de Saint-Vincent amenèrent de nombreux pèlerinages au monastère de Castres. L’année même de leur translation, Élisagar, évêque de Toulouse s’y rendit, accompagné de son clergé et d’un grand nombre de fidèles. Borel raconte que, « l’an 879, Louis II, le bègue, étant fort malade, fit un vœu à Saint-Vincent, qu’il fit exécuter, la première année de son règne, par Frodoin, évêque de Barcelonne, qui porta le poids de vingt-deux livres d’argent audit couvent, et le bailla à l’abbé Rigaldus et à Guiraud, pour l’achêvement de l’église Saint-Vincent. »

Louis VII envoya au monastère une somme d’argent pour contribuer aux dépenses occasionnées par l’achat d’une châsse d’argent où les reliques du saint furent enfermées. Enfin, l’illustre historien de Saint-Dominique, et le restaurateur de son ordre en France, constate la dévotion particulière de l’apôtre des Albigeois pour les reliques de Saint-Vincent. On sait que, devant la châsse où elles étaient enfermées, s’opéra un miracle raconté par tous les historiens du temps. Gaches rapporte que, lorsque les protestants pillèrent l’église qui contenait ces objets d’une longue et pieuse vénération, ils ne trouvèrent dans la châsse qui les contenait que des os d’agneau ou de chevreau qui furent brûlés. Ce récit n’a aucun caractère de probabilité. Si la châsse n’avait renfermé que des ossements d’animaux, on se serait bien gardé de les brûler. On les aurait conservés dans un but facile à comprendre.

D’un autre côté, il n’ait pas probable que les reliques aient pu être soustraites aux protestants ; car, lorsque le 17 mai 1630, l’évêque et le chapitre retirés à Lautrec, rentrèrent à Castres, ils n’auraient pas manqué d’exposer de nouveau à la vénération des fidèles un pareil trésor. Tout établit qu’elles furent brûlées avec l’église qui les avait si longtemps renfermées.