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Vos lois semblaient avoir moins pour but de vous assurer la paisible jouissance de vos biens, et de garantir le maintien de l’ordre, que de grossir la bourse de ceux qui étaient appelés à concourir à leur application ou d’alimenter les caisses indigènes.

Dans votre budget particulier de 1864, le premier qui ait été publié, le simple rachat des condamnations à des journées de travail figurait pour la somme de 27,100 francs. Je ne parle pas des amendes, qui étaient alors confondues avec le produit de l’impôt personnel. Dans votre budget de 1865, les condamnations à des journées de travail ayant été obligatoirement converties en amendes par l’ordonnance du 4 août 1864, ces deux sources de revenu figuraient pour un total de 42,660 francs. C’est énorme.

Mes relations d’amitié avec votre Reine, la conformité de nos vues en tout ce qui peut contribuer au bien des Tahitiens, m’ont permis de ne pas ajourner plus longtemps la mesure que réclamaient les circonstances.

Sa Majesté, en approuvant l’ordonnance du 14 décembre dernier, a donné une grande preuve de sa sollicitude pour tout ce qui touche à vos intérêts moraux et matériels. l’application de la loi française que vous allez être appelés à sanctionner a presque entièrement débarrassé les justiciables de ces condamnations pécuniaires hors de proportion, d’ailleurs, avec les délits auxquels elles s’appliquaient.

Tous vous avez déjà vu combien nos lois libérales et paternelles étaient appliquées avec justice ; tous vous avez accepté ce changement avec satisfaction, car vous saviez que nos institutions font l’admiration du monde et que chaque peuple cherche à se les approprier.

Votre vote ne sera donc que l’expression légale des vœux de la population que vous représentez.

Sauf les procès au sujet de la possession des terres, qui, aux termes de la convention du Protectorat, restent soumis aux tribunaux indigènes, vous êtes placés aujourd’hui sous les mêmes lois que les Européens ; vous êtes appelés comme eux à tous les emplois que votre instruction vous mettrait à même de remplir.

Vous connaissez les charges que fait peser sur vous ce droit de chacun, même de celui qui ne possède pas une brasse de terrain, de faire vivre son bétail sur la terre d’autrui. Pour se soustraire à la dévastation, suite de cette liberté exagérée et injuste, nombre d’ha-