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appelé par le Comité central, il en reçoit le commandement en chef de la garde nationale, fonctions qu’il n’aurait, prétend-il, acceptées que sur l’exposition du programme suivant : 1o Levée de l’état de siège ; 2o élection par la garde nationale de tous ses chefs y compris le général ; 3o pour la ville de Paris, les franchises municipales, c’est-à-dire le droit pour les citoyens de nommer eux-mêmes leurs magistrats municipaux et de se taxer eux-mêmes par cet intermédiaire.

En recevant sa nomination, il posa comme conditions qu’on lui laisserait toute l’initiative. Nous le voyons alors avec un zèle qui n’avait jamais ralenti jusqu’à son arrestation du 22 mars.

Entraînant les bataillons qu’il rencontre dans le quartier du Temple, il arrive sur la place de l’Hôtel-de-Ville, déjà cernée par de nombreux gardes nationaux. Par ses ordres, des barricades s’élèvent dans la rue de Rivoli, et il masse les insurgés, laissant, suivant lui, à dessein, la ligne des quais libre pour faciliter le départ du régiment logé à la caserne Napoléon. Ce régiment partait pour Versailles à dix heures et demie du soir.

À onze heures, il fait occuper l’Hôtel-de-Ville et la caserne Napoléon par Brunel, commandant insurgé.

À minuit, il s’empare de la Préfecture de police.

À une heure, des Tuileries.

À deux heures, de la place de Paris.

À quatre heures, il est prévenu par Duval que les ministres sont réunis au ministère des Affaires étrangères : « J’aurais pu les cerner, dit-il ; la présence de M. Jules Favres excita mes scrupules ; je me contentai de faire occuper fortement la place Vendôme et la place de l’Hôtel-de-Ville, en la couvrant de barricades et en y conduisant de l’artillerie. »

Le 19 et le 20, il fit occuper successivement les ministères, les sept points stratégiques de la rive droite et les quartiers de la rive gauche. En même temps, le 20, à minuit, il envoie vingt-deux bataillons occuper les forts abandonnés, moins le Mont-Valérien.

Il allait s’occuper activement de neutraliser l’action de ce dernier fort lorsqu’il fut arrêté sur les ordres du Comité, qu’il avait mécontenté par ses idées dictatoriales.

Dix jours après, il s’évada du dépôt de la Préfecture, où il était écroué.

Dans sa relation historique des journées de mars, M. Lullier ne fait aucune mention de la tentative d’embauchage essayée par lui sur les officiers et soldats du 43e, dans le jardin du Luxembourg, le 21 de ce mois ; nous allons réparer cet oubli en nous aidant du témoignage d’un officier du régiment qui a assisté à l’entrevue du général improvisé de la garde nationale et du commandant Férier.

M. Lullier arrive au Luxembourg à la tête de plusieurs bataillons ; il s’adresse aux sous-officiers et soldats rassemblés autour de leur commandant, M. Férier,