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1o Le 30 septembre 1868, à six mois de prison et à 200 fr. d’amende pour coups et port illégal d’uniforme ;

2o Le 20 novembre de la même année, à deux mois de prison pour coups et blessures volontaires avec préméditation ;

3o Le 26 avril 1869, à un mois de prison pour rébellion et outrages envers l’autorité ;

4o Le 29 septembre de la même année, à six mois de prison pour outrages envers un magistrat de l’ordre administratif.

Ces idées subversives l’ont mis promptement en relation avec Gustave Flourens et Rochefort, qui fut un de ses amis dévoués. Une lettre du premier, datée du 16 novembre 1869, prouve qu’il appréciait particulièrement les dispositions politiques de Lullier, et admirait en lui l’homme d’action auquel il prédisait un grand avenir dans le mouvement révolutionnaire.

Rochefort lui témoigne dans ses lettres « une grande affection, et le prie de compter sur lui pour le jour où il faudra marcher. »

Le 9 novembre 1870, délégué au Comité de défense de Paris, pendant le {{{2}}}, pour la société de l’Internationale, il fut, le lendemain, envoyé en mission à Copenhague, mission nommée par lui une insigne fourberie, dans sa protestation écrite le 28 mars à la Conciergerie. À son retour, il fut chargé, par le gouvernement provisoire, d’aller aux États-Unis, d’où il revint le 12 mars.

Les événements du 18 mars se préparaient. M. Lullier, homme d’action, comme le qualifiait Flourens, allait trouver l’occasion de justifier l’espérance de ses amis politiques qui ne l’oubliaient pas et qui l’avaient choisi pour chef militaire de l’insurrection.

M. Lullier, général de la garde nationale des rebelles, a exposé devant nous l’historique de ses actes pendant les journées des 18, 19, 20, 24 et 22 mars ; il a fait complaisamment ressortir l’énergie avec laquelle il a exercé son commandement ; il explique les moyens employés, énumère les points occupés successivement par les insurgés, et sa narration suit pas à pas les phases diverses de l’occupation complète de Paris et des forts par la garde nationale.

Nous allons essayer de résumer, en quelques mots, ce compte rendu assez exact des progrès de l’insurrection dans la capitale, progrès dont le général en chef des insurgés n’hésite pas à s’attribuer tout le mérite. Ce récit constitue à lui seul l’acte d’accusation.

Le 15 mars, M. Lullier, recommandé par ses relations avec les hommes qui complétaient l’établissement de la Commune, reçoit, dans une réunion composée de 2, 500 délégués et tenue au Wauxhall, la proposition de commander l’artillerie et les 6e, 11e et 20e légions, proposition acceptée par lui à la condition, dit-il, qu’elle lui serait faite par les officiers de la garde nationale.

Dès ce moment, il entre de fait dans les rangs des insurgés.

Le 18 mars, dans l’après-midi, le rôle de M. Lullier se dessine complètement ;