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a entrainé les bris de scellés des caisses de l’État et la dissipation des deniers de l’État ; il s’est rendu coupable d’attentat ayant pour but de changer la forme du gouvernement, d’usurpation de fonctions, crimes et délits prévus par les articles suivants du Code pénal : 50, 60, 87, 88, 90, 96, 253, 258, 259, 295, 296, 297, 305, 341, 342, 434, 437, 439 et 440. En conséquence, notre avis est que le nommé Jourde doit être traduit devant un Conseil de guerre.




LULLIER

M. Lullier (Charles), ancien officier de marine, mis en réforme le 6 juin 1868 au moment où il était nommé lieutenant de vaisseau, fit pressentir, dès sa sortie de l’École navale, par son esprit indiscipliné et son caractère irascible, combien lui serait difficile à supporter toute autorité supérieure à la sienne. Aspirant de marine de 2e classe sur le vaisseau l’Austerlitz, il se signala par son humeur querelleuse et ses violences à l’égard de ses chefs et de ses égaux, qui causèrent son débarquement et sa détention d’un mois au vaisseau amiral de Brest.

Pendant les années qui suivirent, ces dispositions à la révolte se développèrent rapidement. Deux-fois, dans l’espace de cinq ans, cet officier a encouru la peine grave du retrait d’emploi. Rappelé à l’activité le 6 juillet 1867, il se fit remarquer par de nouveaux actes d’indiscipline pour lesquels il fut traduit devant un conseil d’enquête qui décida sa mise en réforme, le 16 avril 1868.

Égaré par un jugement faux et une véritable monomanie d’orgueil, M. Lullier se révoltait à cette époque contre la société, qu’il accusait d’injustice parce que ses fautes étaient punies par elle, et il est ainsi arrivé rapidement à professer les doctrines révolutionnaires les plus exagérées. Il désirait déjà ardemment en 1862 jouer un rôle politique, et s’était porté dans ce but pour la députation.

Candidat dans le Finistère, délivré du joug imposé par la discipline militaire et rendu à l’indépendance de la vie civile par son expulsion du corps de la marine, M. Lullier a prouvé, par plusieurs de ses actes antérieurs au 18 mars 1871, qu’il n’acceptait pas plus facilement les lois de la société que les lois de l’armée ; en effet, nous le voyons quatre fois frappé par ces lois qui le gênaient et qu’il voulait bouleverser. Il est condamné :