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L’argent trouvé sur Jourde se décompose ainsi : 695 fr. entre ses mains ; 7, 375 en billets de banque cachés dans la doublure de son gilet.

Relativement à l’inspection de cet argent caché, Jourde dit : « Je n’ai pris que 7 ou 8, 000 fr. qui appartenait à l’État. » C’est donc déjà une preuve certaine de détournements faits au préjudice de l’État ; or, il est à présumer que là ne se sont pas bornés les soustractions et le gaspillage dont Jourde s’est rendu coupable.

Arrêté à l’improviste, Jourde subit un interrogatoire sommaire devant M. Ossua, capitaine d’état-major de la garde nationale, attaché à la prévôté de la mairie du neuvième arrondissement. Il nous a été impossible d’entendre le témoin essentiel pour l’instruction, M. Ossua étant absent pour des motifs de santé et d’affaires. Dans cet interrogatoire, le premier qu’il ait subi, Jourde, qui a encore présents à la mémoire les faits les plus saillants de sa gestion, donne ainsi le détail des recettes qu’il a eues en sa possession :


Recettes journalières
600, 00 fr.
Emprunts à la Banque de France
20, 000, 000
Pris dans les caisses scellées de l’État au ministère des Finances
4, 000, 000
Titres des actions de chemins de fer et sur le Tésor
14, 000, 000
Titres provenant du dernier emprunt
200, 000, 000
Contrôle des chemins de fer
2, 000, 000

Ce qui forme un total de 240 millions 600, 000 fr.

Il est à regretter que cet interrogatoire ait été suspendu pour un motif quelconque ; les détails nécessaires pour l’établissement de la situation sont devenus par ce fait incomplets. Jourde a été arrêté dans son interrogatoire au moment où il faisait connaître son projet de départ pour l’Amérique, ce qui implique d’une manière évidente qu’il cachait dans son gilet l’argent qu’on y a trouvé, soit 8, 070 fr. ; il avait la résolution bien arrêtée et calculée de détourner cette somme qu’il avoue appartenir à l’État ;

Jourde a refusé d’indiquer les secrétaires et les employés qui ont été attachés à son service.

Pour nous, l’un de ces secrétaires ne serait autre que le nommé Dubois, arrêté avec lui et porteur de sommes qu’il avait reçues de Jourde. C’eût été un moyen de justification pour Jourde dans les dépenses qui se sont produites et que lui seul réglementait.

En refusant ces renseignements, il cherche à mettre un obstacle à la découverte de la vérité, tandis qu’il se présente, au contraire, avec adresse, comme le conservateur dévoué de la situation financière dont il avait la direction.

Il est de la dernière évidence que si Jourde refuse énergiquement de donner des renseignements qui doivent apporter des lumières dans l’instruction, et par