Page:Procès des membres de la Commune, 1871.djvu/42

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 32 —

avec lesquelles il a rempli les fonctions de délégué aux Finances prouvent qu’il marchait d’un pas convaincu vers l’établissement de ce gouvernement qui ne pouvait qu’entraîner le bouleversement général de la société tout entière.

Pendant le siège de Paris par les Prussiens, Jourde était sergent dans le 160e bataillon de la garde nationale. Dès le 1er mars, une commission se forme dans le huitième arrondissement, dans le but d’établir la défense intérieure de cet arrondissement, d’où est née l’idée de la fédération de la garde nationale. Ce projet devait amener l’adhésion des autres arrondissements de Paris et entrainer, par suite, la fédération de la garde nationale tout entière avec un Comité central.

Jourde, secrétaire provisoire de cette commission, s’occupa de sa mission avec le plus grand zèle. La séance, dans laquelle ce projet fut discuté, dura toute la journée, ainsi que le prouve le procès-verbal joint au dossier. Le 2 mars, le comité de la garde nationale du cinquième arrondissement était définitivement établi avec Jourdant pour président, Dacosta pour vice-président et Jourde pour secrétaire. À la date du 2 mars, nous trouvons une lettre de convocation pour recevoir les adhésions, et une affiche constatant l’organisation de la fédération de la garde nationale et une réunion pour le 13 mars. L’armée y est indiquée comme destructrice des institutions républicaines et ne pouvant conduire le pays qu’à d’effroyables désastres.

Lorsqu’arriva le 18 mars, le Comité central de la fédération de la garde nationale, triomphant par la défection de quelques compagnies du 88ee de ligne, devint seul maître de Paris, et conserva le pouvoir jusqu’à la fin de mars. Jourde fut membre de ce comité.

Dès le 19 mars, Jourde fut adjoint à Varlin aux Finances, et, le 26, il était nommé membre de la Commune, avec 3, 949 voix. Vers le 8 avril, il fut, par un vote de la Commune, définitivement un des délégués principaux des diverses commissions établies, et devint membre de la Commune exécutive.

Jourde, pendant son séjour au ministère, a rempli l’emploi le plus délicat, puisqu’il s’agissait de trouver les fonds nécessaires pour les exigences de la situation. Le ministère des Finances ayant été brûlé, aucune pièce n’existait qui puisse établir la distribution et l’emploi des fonds dont Jourde a eu le roulement pendant sa gestion tout entière.

Lors de son arrestation, qui eut lieu le 30 mai, à une heure et demie du matin, en compagnie d’un nommé Dubois, son ami, il fut trouvé possesseur d’une somme de 8, 070 fr. en billets de banque. Dubois était également porteur d’une somme de 1, 700 fr., et lorsque ce dernier parut devant le commissaire de police, on saisit sur lui une nouvelle somme de 1, 400 fr. Ces trois sommes forment un total de 11, 170 fr., qui représente le reste connu des sommes immenses, se comptant par millions, que la Commune a absorbées pendant sa trop longue existence.