Page:Procès des membres de la Commune, 1871.djvu/33

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 23 —

Le 1er mai, il fut nommé procureur de la Commune, ce qui lui permit de commencer les arrestations et condamnations arbitraires.

Le 14 du même mois, sa nomination de délégué à la préfecture de police parut dans le Moniteur. Ami de Raoul Rigault, dont il continue les crimes, il fut placé au poste de délégué à la police par ce dernier, à la place de Cournet dont ses délégués étaient moins sûrs.

Au dépôt de la Préfecture, l’accusé a été vu par le témoin Dessesey, surveillant au même dépôt, lorsqu’il prenait à part le nommé Veysset et lui lisait un ordre qu’il tenait à la main. Ferré, montrant un peloton d’hommes des Vengeurs de Flourens, lui aurait dit : « Voilà le peloton d’exécution qui va vous emmener. » Le brigadier Sauvage a dit au témoin qu’après avoir fusillé cet homme, on l’avait jeté à l’eau.

Le témoin Vergnerie a vu Ferré distribuer de l’argent aux hommes qui allaient fusiller Veysset ; il leur a donné à chacun 5 francs.

Le témoin Rigeand, voyant la Préfecture de police en flammes, en fit l’observation à Ferré au moment où il faisait entraîner Veysset : « Ce n’est pas vrai, répondit ce dernier. Qui vous a dit cela ? — Ce sont les gardes nationaux, repartit Rigeand. — Les gardes nationaux, dit Ferré, sont des idiots. Au surplus, vous n’avez pas peur pour vous, puisque votre bâtiment est voûté. » La Cour de cassation était déjà en flammes.

La nommée Marguerite Forzi et le nommé Bacon, employé à la préfecture de police, ont, entendu dire que Veysset avait été fusillé par ordre de Ferré qui avait tiré le premier coup et l’aurait atteint à la tête. Il l’aurait ensuite fait jeter à la rivière.

Nous avons sous les yeux une pièce du directeur du dépôt de la Préfecture certifiant que Veysset, écroué dans cette prison le 21 mai, aurait été mis à la disposition de Ferré, qui le fit extraire, le 24 mai, pour être passé par les armes.

Enfin le témoin Braquand affirme que l’ordre d’écrou de Veysset était signé par Ferré et que c’était Ferré qui commandait le peloton d’exécution. Valliat et la femme Braquand, fille Tabouret, ont vu, le 24 mai, Ferré en paletot gris à col noir ; il haranguait le peloton d’exécution en ces termes : « Tous les sergents de ville, tous les gendarmes, tous les agents bonapartistes, fusillés ici immédiatement. » Parmi les victimes assassinées au dépôt, se trouve le nommé Valliat, extrait le 24 mai, par ordre de Ferré ; nous avons l’extrait des registres d’écrou.

Révolutionnaire fougueux et implacable, Ferré ne recula devant aucun moyen pour se venger de la défaite de son parti.

Il partage, avec quelques autres membres de la Commune, la mission d’incendier les monuments que les insurgés avaient occupés et ne voulaient pas laisser intacts à la troupe de l’ordre.

Le mercredi matin 24 mai, le témoin Caffort, demeurant rue du Harlay à la