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FERRÉ

Le nommé Ferré (Théophile) a de mauvais antécédents politiques. Avant de jouer le rôle sanguinaire de délégué à la Préfecture de police, qu’il a reçu du gouvernement révolutionnaire du 18 mars, il s’est fait remarquer dans plusieurs circonstances par ses paroles exaltées et ses excitations à la révolte. En 1868, à l’occasion de la manifestation Baudin, il essaya de prononcer un discours en montant sur un monument voisin de la tombe ; ses premiers mots furent : « Vive la République !… La Convention aux Tuileries !… La Raison à Notre-Dame !… »

Dans les réunions politiques, il se fit remarquer par sa violence et ses discours insensés qui invoquaient invariablement le souvenir de 1793.

Lors du procès de Blois, il fut arrêté et accusé avec Dupont. Ses réponses au président furent d’une violence extrême et ses insultes le firent évacuer de la salle. Cependant, les preuves manquant, on l’acquitta.

Interrogé par nous sur sa participation à l’insurrection du 18 mars et sur les crimes dont il a été l’auteur ou le complice, il a refusé de répondre à nos questions et de signer quoi que ce soit. C’est, dit-il, son système de défense, et il se réserve pour l’audience, probablement pour se livrer aux mêmes insultes qu’à Blois. Il ne veut d’autre avocat que lui-même. Nous lui avons cependant signifié le chef d’accusation dirigé contre lui, et nous avons établi notre rapport sur les pièces accusatrices, sur les éléments fournis par la notoriété publique, les actes officiels de la Commune, et la déposition des témoins déjà appelés à Paris, pour l’instruction des affaires des incendies de monuments et des assassinats des otages.

Le 18 mars, Ferré, se trouvant à neuf heures et demie du matin au n°6 de la rue des Rosiers, fit opposition au départ des gardes républicains prisonniers en obtenant du commandant Dardelle la révocation de l’ordre de leur mise en liberté qui avait été donné ; il se rendit ensuite au Château-Rouge, où venait d’être conduit le général Lecomte, et il se fit remarquer par sa ténacité à demander la mise à mort du général.

Le 26 mars, élu au dix-neuvième arrondissement membre de la Commune et le lendemain membre de la commission de sûreté générale, il signa avec Dereure, J.-B. Clément, Vermorel et autres, une proclamation composée de calomnies contre l’autorité légitime, ainsi que d’excitation à la révolte et à la guerre civile.