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rédaction de cette pièce n’est pas mon œuvre : elle a été faite d’après les bases posées par mon prédécesseur. Je n’ai eu depuis ma nomination, qu’un temps bien mesuré pour compulser les nombreux dossiers. Néanmoins j’en accepte là complète responsabilité, car dans l’étude de ces affaires j’ai puisé les sentiments qui y sont exposés. »

Ce rapport est ainsi conçu :

« Monsieur le Président,

» Messieurs Les Juges,

» Les accusés appelés à comparaître aujourd’hui devant vous ont pris une part prépondérante au mouvement insurrectionnel qui éclata dans Paris le 18 mars dernier et qui, se prolongeant jusqu’au 28 mai, menaça de livrer la France entière aux horreurs de la guerre civile. Avant de déterminer la responsabilité qui incombe à chacun d’eux, dans le crime dont la capitale a été le théâtre pendant ces jours néfastes, il importe de remonter à l’origine du mouvement, d’en rechercher les causes et d’en étudier les transformations successives.

» Lorsqu’au mois de septembre 1870, l’armée prussienne investit Paris, elle y enferma, avec une population dévouée à la défense de l’ordre et du pays, des forces disciplinées de longue main pour le désordre. Ces forces se recrutaient à la fois dans les rangs du parti révolutionnaire et parmi les membres de l’Association internationale des travailleurs.

» Obéissant surtout à des préoccupations politiques, résolu à usurper les pouvoirs par tous les moyens et à les conserver à l’aide de toutes les violences, le parti révolutionnaire affectait hautement, depuis assez longtemps déjà, ses aspirations démagogiques. Son origine, de même que son but, se rattachent aux plus mauvais souvenirs de notre histoire. Il s’en glorifiait ouvertement. On l’avait vu d’abord, dans une série de publications qui affectaient à dessein une forme scientifique, réhabiliter les hommes de 1793, exalter leurs actes les plus odieux et se proposer à lui-même leurs procédés de gouvernement comme le programme politique de l’avenir. Plus tard, dans la presse, dans les réunions publiques, dans les assemblées électorales, dans les agitations de la rue, partout enfin on l’avait retrouvé fidèle à son œuvre, excitant au sein des masses populaires les plus détestables passions, prêchant les doctrines les plus subversives, attaquant audacieusement les bases de l’ordre moral aussi bien que les fondements éternels de l’ordre social. Les événements du 4 septembre n’avaient pu donner satisfaction à ce parti. Écarté du pouvoir, il demeurait, le lendemain comme la veille, l’ennemi déclaré du gouvernement.

» L’Association internationale des travailleurs, instituée à Londres vers la fin de 1864, avait eu à Paris, dès le commencement de 1866, un centre des plus actifs. Pour qui voulait s’en tenir aux apparences, elle n’avait d’autre but que l’amélioration du sort des classes ouvrières, et le résultat économique