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À côté des accusés sont un grand nombre d’individus compromis également dans le mouvement insurrectionnel, mais qui ne sont venus à l’audience qu’à titre de témoins. La seule figure saillante parmi eux est celle de Cavalier, dit Pipe-en-Bois, qui comparaîtra dans quelques jours devant le Conseil.

Quatre cents places ont été réservées, au milieu de la salle, aux députés de l’Assemblée nationale.

Plus loin, des bancs ont été placés pour les témoins, au nombre de plus de trois cents. Nous savons qu’à la requête des accusés, presque tous les membres du gouvernement de la Défense nationale ont été cités, ainsi que la plupart des généraux commandant les corps d’armée. Nous ne remarquons encore que M. Picard, qui a même quelque peine à pénétrer dans la salle, car il n’est pas porteur de son assignation, et le soldat, qui ne connaît que sa consigne, refuse obstinément de le laisser entrer. Ce n’est que sur l’intervention d’un huissier du Conseil que l’ex-ministre de l’intérieur parvient à gagner sa place.

Enfin, et à l’extrémité, séparé par une barrière du reste de la salle, un emplacement est réservé à environ cinq cents personnes qui sont forcées de rester debout.

Un passage couvert, conduisant de la prison Saint-Pierre à la salle d’audience, a été construit pour la circonstance. Il évite ainsi aux accusés le parcours par l’avenue de Paris qui, d’abord, avait paru ne pouvoir être évité, et gui ne laissait pas que de présenter quelques dangers pour ceux qu’on regarde comme les chefs du mouvement communal.

Courbet, qui était indisposé ces jours derniers, est amené le premier vers onze heures et demie ; bientôt après sont introduits les autres accusés.

À midi et demi, le Conseil fait son entrée, et M. le Président déclare que la séance est ouverte.

On amène les accusés.

On remarque d’abord Ferré, vêtu avec une certaine recherche ; puis Assi, qui porte l’uniforme d’officier supérieur de la garde nationale. Les autres accusés, qui portent tous l’habit civil, ont une attitude calme qui fait contraste avec la tenue un peu provocante de Ferré et celle un peu prétentieuse d’Assi.

M. le commandant Gaveau requiert d’abord la disjonction de l’affaire se rapportant au nommé Lisbonne, malade et dans l’impossibilité de se rendre à l’audience.

Le Conseil prononce, en conséquence, la disjonction.

Le greffier donne ensuite lecture de la composition du Conseil, qui est ainsi formé :

MM. Merlin, colonel du 1er régiment du génie, président ;

Gaulet, chef de bataillon d’état-major ;

Guibert, capitaine au 11e régiment d’artillerie ;

Mariguet, capitaine au 68e ;