Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/150

Cette page n’a pas encore été corrigée

tourelle de la rue Vieille-du-Temple ou enlever une partie de l'hôtel Carnavalet.

En ce qui concerne les fouilles du vieux sol pari- sien, si nombreuses au cours des années 1898 et 1899 en raison des travaux du Métropolitain et du prolon- gement de lignes de chemin de fer, des mesures fu- rent prises, dont le but était de profiter de cette occa- sion unique qui s'offrait de reconnaître et d'explorer le sous-sol de la grande Ville et d'en fixer la compo- sition. Le remaniement des égouts de la rive gauche, nécessité par le transfert de la gare d'Orléans au quai d'Orsay, fut le point de départ de travaux très impor- tants pour la Commission et de découvertes archéo- logiques du plus haut intérêt. C'est ainsi que furent retrouvées, à l'entrée de la rue des Ecoles, les sub- structions de la porte Saint-Victor, dépendant de l'en- ceinte de Philippe-Auguste, substructions ayant gardé dans leurs décombres une pièce d'artillerie datant du xiv° siècle. Des galeries et des caves de grandes dimen- sions furent également retrouvées rue de la Bûcherie et rue Lagrange : anciens organismes souterrains du vieil Hôtel-Dieu, dont il sera bien difficile de préciser la primitive affectation.

Au cours de ces travaux beaucoup d'objets de toutes sortes furent mis à jour : poteries gallo-romaines et du moyen âge, ustensiles, chapiteaux de pierre, etc., dont les meilleures pièces sont aujourd'hui dans les collections du musée municipal.

Afin de réunir toutes les garanties désirables au sujet de la reconnaissance du sous-sol, un service spé- cial fut organisé sous la surveillance de l'Inspecteur des fouilles archéologiques de la Ville, avec l'aide d'un Inspecteur des carrières mis à la disposition de la Commission.

Grâce à cette mesure, un plan géologique a pu être constitué avec les indications les plus exactes et les plus complètes.

En même temps il était dressé un plan archéolo- gique, sur lequel la Commission fit soigneusement reporter l'indication de toutes les trouvailles et de tous les vestiges rencontrés au fur et à mesure de ses tra- vaux.

Il serait superflu de souligner l'intérêt que présente- ront ces deux plans, après quelques années d'exis- tence de la Commission.

Il est juste d'ajouter, à cette occasion, qu'un témoi- gnage de reconnaissance doit être envoyé aux diverses compagnies de chemins de fer, qui ont entrepris depuis deux ans de gigantesques travaux souterrains dans Paris, pour les nombreux renseignements fournis et l'empressement mis par elles à seconder les efforts que fait la ville de Paris pour recueillir et conserver les souvenirs de son passé.

Cet empressement, d'ailleurs, est égal de la part des diverses administrations de la Ville, du Département et de l'Etat. H est des plus précieux à la Commission du « Vieux Paris » et lui permettra de mener à bien l'oeuvre qu'elle a entreprise.

Dans un autre ordre d'idées, il a semblé qu'il serait peut-être d'une grande utilité pour la municipalité parisienne de connaître les dispositions prises par les grandes villes de l'Europe pour la conservation de leurs monuments et de leurs souvenirs historiques.

La Commission du « Vieux Paris » pensa qu'elle ne pourrait mieux faire, pour l'exécution de son mandat, que de s'inspirer des décisions prises par les grandes cités pour le meilleur aménagement de leurs richesses et de leurs antiquités.

Une enquête très étendue, entreprise par elle à ce sujet et dont on trouvera les résultats insérés dans ses procès-verbaux, montre irréfutablement que Paris n'a pas eu seul ce grand souci de la conservation des ves- tiges des âges antérieurs et qu'il n'est pas la seule ville qui veuille les faire servir à l'éducation de tous.

Quelques-uns des règlements et prescriptions éla- borés par certaines municipalités étrangères, princi- palement par celles de la Belgique, offrent un intérêt de premier ordre et peuvent servir de modèles.

La Commission fut heureuse de prendre l'initiative d'en reproduire des spécimens dans le recueil des ses travaux.

Au milieu des préoccupations d'un mode de travail à créer de toutes pièces et dans le tâtonnement des premiers jours, la Commission entreprit d'entamer des négociations pour l'acquisition par la Ville du fameux hôtel de Lauzun, laissé vacant à la mort de son pro- priétaire, M. le baron Pichon.

Il fallait sauver à tout prix ce fastueux et splendide logis du grand siècle, dont les boiseries, les peintures et les dorures marquent une date dans l'histoire de l'art décoratif et montrent d'une façon si éloquente ce qu'était le luxe seigneurial de ces époques orgueilleuses et solennelles.

Il fallait éviter cette chose lamentable d'un dépeçage et d'un éparpillement entre de multiples collections, de cet ensemble décoratif unique à Paris.

S'il était bien d'empêcher la dispersion de spécimens dont la magnificence réside surtout dans la réunion de toutes les parties, il fut mieux de décider la Ville à en faire l'acquisition totale, en bloc, contenant et contenu, pour l'incorporer à son domaine.

L'honneur de ce résultat revient un peu,sans doute, à la Commission du « Vieux Paris », dont la voix fut entendue comme elle devait l'être plus tard à propos du dégagement du musée de Cluny, mais il convient d'y associer grandement le Conseil municipal, qui n'hésita pas à suivre l'indication donnée par elle afin d'assurer désormais la conservation intégrale de cet hôtel de grand luxe, qui représente si bien l'habita- tion princière du xvu" siècle.

Parmi d'autres mesures conservatoires prises par la Commission, il est nécessaire d'en signaler une qui contribuera certainement à enrichir les collections de la Ville et à orner ses établissements spéciaux de pro- ductions des différentes manifestations de l'art indus- triel parisien.

Il s'agit d'une décision aux termes de laquelle des instructions seront données pour qu'elle ait connais- sance des plans parcellaires des immeubles expropriés pour Être démolis, et pouvant contenir des objets inté- ressants au point de vue artistique ou historique.

La Commission a reconnu, à cette occasion, que la vieille, industrie parisienne du fer et du bois était largement représentée dans les anciennes maisons appelées à disparaître pour les besoins de la vie