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18. — Don au musée Carnavalet d’une effigie mortuaire de Henri IV.

M. G. Cain fait part à la Commission d’un don fait par Mme Desmottes au musée Carnavalet. Il s’agit d’une effigie mortuaire de Henri IV, buste en cire de grandeur naturelle, exécuté le 15 mai 1610 par Michel Bourdin. Après l’assassinat du roi, les meilleurs sculpteurs prirent, par ordre, le moulage de ses traits afin d’exécuter le buste en cire appelé l’effigie au vif » qui devait figurer dans la cérémonie des funérailles.

M. le Président annonce qu’il transmettra à Mme Desmottes, par l’intermédiaire de M. le Conservateur de Carnavalet, les remerciements de la ville de Paris et de la Commission pour ce superbe cadeau.

19. — Communication relative à la cuve baptismale de Saint-Sulpice.

M. Lucien Lambeau fait connaître à la Commission que la belle cuve baptismale du xvie siècle, qui était reléguée dans les souterrains de Saint-Sulpice, et que la fabrique voulait aliéner, va être réinstallée dans la chapelle des fonts. Il ajoute qu’il a pu la voir en place il y a quelques jours, accompagné d’un bedeau, car cette chapelle n’est malheureusement pas accessible au public. Il a constaté qu’elle est enduite d’un badigeon verdâtre qui éteint la délicatesse des sculptures dont elle est ornée et contre lequel il n’y a malheureusement pas de remède, tout grattage devant forcément être préjudiciable aux sculptures en question.

La solution adoptée par la fabrique ne donnera donc qu’une moitié de satisfaction à la Commission du Vieux Paris, qui s’en était longuement entretenue dans ses dernières séances, puisque la réédification a lieu dans une chapelle fermée au public pour les besoins du culte ; mais, quelle que soit cette solution, elle lui parait encore préférable à la relégation de cet objet d’art dans la crypte ou à sa disparition dans une collection particulière.

L’incident est clos.

20. — Communication de M. Lucien Lambeau au sujet d’une inscription gravée et sculptée déposée dans la crypte de Saint-Sulpice.

M. Lucien Lambeau dit qu’au cours d’une visite faite par lui à la crypte de Saint—Sulpice, il a pu voir, déposée dans un coin

obscure, abandonnée au milieu de la poussière et des gravats, la belle inscription, encore qu’incomplète, gravée sur marbre noir en l’honneur de François Audrant, à la description de laquelle M. de Guilhermy a consacré un chapitre et qu’il a reproduit intégralement dans le tome premier de son ouvrage sur les Inscriptions de la France.

Cette plaque, datée de 1589, dont la reproduction a été donnée dans l’Histoire générale de Paris, le Bourg Saint-Germain, relate que François Audrant, grand-vicaire du cardinal Charles de Bourbon, — le roi de la Ligue, — a donné, par-devant Le Camus et Denetz, notaires, quatre cents livres tournois de rente pour marier huit des plus pauvres filles orphelines natives de la paroisse Saint-Sulpice et encore quatre cents livres tournois pour nourrir et entretenir aux études, pendant cinq ans, quatre pauvres petits garçons orphelins de ladite paroisse.

Cette inscription ne présente pas, selon lui, qu’un intérêt épigraphique ; il s’y joint un intérêt artistique que M. de Guilhermy a traduit par la description suivante qu’il paraît utile de reproduire pour bien faire sentir son importance :

La plaque de marbre noir s’ajuste dans un encadrement de pierre élégamment sculpté. Des moulures en garnissent le pourtour. A la partie inférieure est placée une tète d’ange à deux paires d’ailes avec une flamme sur le haut du front. Au-dessus du marbre deux enroulements accompagnent un écusson qui a été mutilé ; on y distingue un chevron et deux étoiles en chef ; il y avait en pointe une troisième pièce qui ne se reconnaît plus. Sur les côtés se tiennent deux pleureuses, d’un style gracieux, dont les vêtements présentent quelques traces de bordures dorées. »

L’écusson, les noms du cardinal de Bourbon, ceux de Dieu et de messire ont été vraisemblablement, ajoute M. de Guilhermy, martelés pendant la Révolution.

Quoi qu’il en soit, et malgré les parties détruites de cet ensemble, qui présente, au point de vue de la sculpture, tout le caractère du style de la fin du xvie siècle, il paraît opportun de faire enfin sortir de l’ombre et de l’oubli cette intéressante œuvre d’art.

M. Lucien Lambeau ajoute qu’il est convaincu que si la fabrique de Saint-Sulpice voulait bien en faire hommage au musée Carnavalet, M. le Conservateur lui trouverait, dans ses galeries, une place en rapport avec l’intérêt qu’elle présente, A moins, bien entendu,

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