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31. — Rapport sur l’état des fouilles dans Paris.

M. Charles Sellier donne lecture du rapport suivant sur les résultats obtenus au point de vue archéologique dans les fouilles exécutées à Paris pendant le mois de mai :

1° Vestiges de l’égoût du Pont-Perrin,

Les travaux du Métropolitain en cours d’exécution sous la rue Saint-Antoine ont amené, depuis l’ancien mur de contrescarpe de la Bastille, la rencontre longitudinale de deux gros murs maçonnés en moellons et mortier de chaux, à peu près parallèles, dont on n’a pas encore atteint l’extrémité au point de l’avancement actuel des fouilles. Ces murs ont été rencontrés à hauteur de la rue Jacques-Coeur, immédiatement après les caves des boutiques ou échoppes qui se trouvaient autrefois adossées audit mur de contrescarpe ; ils ont. été poursuivis jusqu’à une vingtaine de mètres au delà de l’ancienne église de la Visitation, aujourd’hui le temple protestant situé à l’angle des. rues Castex et Saint-Antoine : on ignore encore jusqu’où on les atteindra. Leur épaisseur est de 1 m. 30 c. en moyenne ; leur intervalle à leur point de départ mesure 2 m. 50 c. et va en se rétrécissant jusqu’à 1 m. 90 c. au point actuel de l’avancée. La masse de remblai qui comble cet intervalle repose sur une couche noirâtre de limon, formée assurément par des dépôts successifs de vase. Aucune trace de voûte ayant pu relier ces deux murs n’a été remarquée jusqu’à présent.

Selon toute probabilité, ces deux murs ne sont autres que les muraillements des berges de l’ancien chenal ou égoût du Pont-Perrin qui s’écoulait, comme on sait, des fossés de la Bastille par un passage voûté sous la porte Saint-Antoine, puis reprenait son cours à ciel ouvert en suivant d’abord la grande rue Saint—Antoine pendant quelque temps, et se détournait à gauche, à travers les terrains de l’hôtel Saint-Paul, pour s’aller perdre dans la Seine.

Cet égout, qui est peut-être le plus ancien de Paris, date assurément de la fondation de la Bastille ; il recevait les ruisseaux et les immondices des rues et des maisons avoisinantes, si bien que son parcours était bien vite devenu si infect que les architectes de l’hôtel Saint-Paul résolurent de le détourner hors du royal séjour qu’il empuantit et dont il menaçait d’altérer, en s’y mêlant, la pureté

des fontaines et des sources. Ce qui eut été grand dommage, car les eaux qui jaillissaient du sol même des jardins de l’hôtel Saint-Paul étaient si abondantes qu’elles alimentaient les opulents logis du voisinage et des environs, voire l’hôtel Barbette.

En conséquence, et par une ordonnance royale de 1112, le pont, Perrin fut détourné à droite de la rue Saint-Antoine au moyen d’un nouvel égoût qui s’en alla à travers la culture Sainte-Catherine joindre les fossés du Temple, et en souvenir duquel la rue, appelée aujourd’hui rue de Turenne, a gardé longtemps le nom de rue de l’Egout.

Le nom de Pont-Perrin a aussi servi de vocable à une rue du quartier. En effet, d’après les censiers de l’abbaye de Saint-Eloi des XIVe et xve siècles, on voit que, depuis la porte Baudet de la muraille de Philippe-Auguste jusqu’à la porte Saint-Antoine de l’enceinte de Charles V, la rue Sainte-Antoine s’appelait rue du Pont-Perrin. Bien plus, il y avait, à l’angle de cette rue et de celle du Petit-Musc, un logis appelé hôtel du Pont-Perrin : c’était celui que Louis duc de Bourbon acheta en 1312 et que Charles V acquit à son tour pour agrandir l’hôtel Saint-Paul ; Charles VI le fit rebâtir, et il fut appelé hôtel Neuf, puis hôtel d’Etampes, de Bretagne, d’Orange, de Valentinois, de Boisy, de Langres, de Mayenne, enfin d’Ormesson. De nos jours une école congréganiste y a remplacé l’ancienne institution Favart.

Quand les fouilles du Métropolitain parviendront à hauteur de la rue de Turenne, on rencontrera, peut-être, le point de la dérivation dont il vient d’être parlé. En attendant, les relevés nécessaires sont établis au fur et à mesure de l’avancement des déblais ; ils permettront de dresser ultérieurement le plan de l’égoût du Pont-Perrin dans son parcours de la rue Saint-Antoine.

2° Pierre sculptée et débris de poteries trouvés rue Saint-Martin et boulevard de Sébastopol.

Au cours des fouilles exécutées pour l’établissement de galeries de visite à la traversée de la rue de Turbigo, on a trouvé, à l’angle nord-est du boulevard de Sébastopol et à 1 m. 80 c. de profondeur, dans les remblais, plusieurs débris de poteries du xviie siècle dont la plupart sont des ustensiles de ménage, tels que lampes, poêlons, terrines, etc., d’un type très commun.

Rue Saint-Martin, à l’angle nord-est de la rue de Turbigo et à 2 m. 10 c. de la bordure de