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La Sous-commission est entrée ensuite dans l’immeuble construit au n° 10, où plusieurs de ses membres se rappellent avoir vu, il y a vingt et quelques années, un bâtiment en façade sur la rue de l’Abbaye dont une fenêtre au rez-de-chaussée était de style ogival. Mais, sous le bâtiment moderne qui a si malheureusement remplacé l’ancienne salle du XIIIe siècle, qui, au moment de sa destruction, servait d’atelier aux élèves d’une école de dessin, subsiste une cave de même style, que la Souscommission a pu visiter, ainsi qu’une autre cave sous un autre bâtiment au fond de la cour de la maison moderne, et qui appartient également à l’ancienne abbaye.

Dans la cour d’une autre maison de la même rue, située presque au coin de la rue Bonaparte (maison du journal le Correspondant), nous avons pu voir en façade, donnant sur une autre cour voisine, un bâtiment style xviiie siècle, dans l’intérieur duquel se trouve l’ancienne salle des hôtes de l’abbaye.

De l’autre côté de la rue de l’Abbaye, adossé à l’église, se trouve, presque complètement conservé, le cloître neuf, construit au XVIIIe siècle.

La Sous-commission est allée, en dernier lieu, rue Saint-Benoit où, au n° 15, elle a reconnu l’existence d’une haute tour dont le couronnement seul, partiellement conservé, est visible, engagé dans les bâtiments d’une vieille construction très étroite, et à toit pointu. Le sommet de cette tour se voit également de la place Saint-Germain-des-Prés. La Sous-commission ne doute pas qu’elle ne soit en présence d’une des anciennes tours d’enceinte de l’abbaye, dont l’emplacement est, d’ailleurs, indiqué dans les anciens plans, et estime qu’il y aura lieu, ultérieurement, de visiter en détail l’intérieur de l’immeuble n° 15 de la rue Saint-Benoît, l’existence actuelle de la tour n’étant mentionnée dans aucun ouvrage sur la matière.

22. — Anciennes monnaies trouvées dans les fouilles du Métropolitain aux aborda de la place de la Bastille.

M. Charles Sellier rend compte des trouvailles faites dans les fouilles du Métropolitain aux aborda de la place de la Bastille. Indépendamment de quelques coins de démolition, en fer, et de quelques boulets et biscayens, de même métal, déjà signalés, il appelle particuliè rement l’attention de la Commission sur les anciennes pièces de monnaie recueillies dans ces fouilles par les soins de M. Faillie, conducteur municipal.

En voici l’énumération détaillée :

1° A l’entrée de la rue Saint-Antoine :

Un jeton en cuivre aux armes de Mazarin (d’azur à la hache d’argent en pal, fûtée d’or, entourée d’un faisceau de verges de même, au chef cousu de gueules chargé de trois étoiles d’or), daté 1651 et portant la devise : Quod fuit honos criminis est vindex ; au revers on distingue une fronde et la devise : Sunt certa hac fata tirannis. Ce jeton n’est pas commun.

Un denier tournois à l’effigie et au nom de Gaston d’Orléans, daté 1650 ou 1651.

Une pièce de six deniers en cuivre de Louis XIV.

Trois jetons fabriqués à Nuremberg, très communs ; le marché de Paris en était inondé.

2° Rue de Lyon, dans la chambre du bouclier :

Une piécette en métal blanc, ou bas argent de billon, qui paraît être un parisis de Charles VI.

Un double tournois de François Ier, en billon.

Un demi-douzain de François Ier, en billon.

Un double tournois de Henri IV, daté 1594.

Un double tournois de Louis XIII.

Un double tournois de Charles Ier de Gonzague, daté 1636.

Un double tournois du duc de Bouillon, daté 162...

Une monnaie papale, en billon, avec une contremarque française (une fleur de lys) pour lui donner cours en France, doit être du commencement du xviie siècle.

Une pièce de six deniers de Louis XIV.

Un liard de France de Louis XIV, daté 16... et portant la lettre D, marque de l’atelier monétaire de Lyon.

Cinq liards de Louis XIV, très frustes.

Un liard de Lorraine daté 1728.

Une pièce de 12 deniers de Louis XVI, daté 1792, an IV de la Liberté.

Un jeton en cuivre portant, à l’avers, une tête de Maure et, au revers, les armes, assez imparfaitement indiquées, de Jeanne de Bourgogne, première femme de Philippe VI de