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rue Dante et au sujet desquelles l’Administration avait saisi la Commission du Vieux Paris, afin de savoir s’il ne s’y trouvait pas d’objets dignes de prendre place au musée Carnavalet ou susceptibles de rentrer au magasin pour être utilisés ultérieurement dans la construction d’édifices municipaux.

L’opération de voirie dont il est question intéresse les immeubles suivants :

Rue Galande, nos 45, 47, 49, 51, 53 et 57.

Rue Saint-Jacques, nos 29 et 31.

Rue Domat, nos 20, 22, 24 et 26.

Toutes ces maisons ont été visitées ; deux d’entre elles seulement ont retenu l’attention : le n° 57 de la rue Galande, surtout connu à notre époque par le célèbre Château Rouge, qui vivait du souvenir des cabarets borgnes de l’ancienne Cité, est un ancien hôtel important qui n’a presque rien gardé de sa splendeur passée ; des bâtiments, devenus masures, ont été édifiés à des époques très différentes sur les vastes dépendances de l’ancien logis qu’une tradition de quartier dit avoir appartenu à la belle Gabrielle !

Le corps de bâtiment de la façade a seul conservé quelques traces de sa destination première, mais les vastes appartements ont été peu à peu convertis en logements sordides et en locaux industriels, en sorte qu’il ne subsiste rien d’homogène ni d’intéressant à conserver : ici, une cheminée Louis XIV, là, une alcôve Louis XV, mais le tout d’un goût médiocre.

L’on doit remarquer pourtant la grande fenêtre rampante d’un très beau travail de menuiserie, qui se trouve dans l’escalier de l’ancien hôtel, dans la première cour. Cette fenêtre, encore en bon état, pourrait peut-être servir à l’enseignement dans l’une des écoles professionnelles de la Ville.

Deux vieilles plaques de cheminées anciennes et d’un modèle assez rare ont été trouvées dans l’appartement du troisième étage. L’on a vu aussi une rampe d’escalier en fer forgé d’un joli dessin, mais en très mauvais état. Une pièce seulement est intéressante dans cette maison. C’est la porte d’entrée avec son imposte. Les sculptures en plein bois sont en bon état et méritent la conservation.

En ce qui concerne l’ancien bouge qu’était le Château Rouge, l’on y voit encore les peintures suggestives qui faisaient partie de la mise en scène et du truquage de l’établissement ; mais ces ouvrages n’offrent qu’un inté rêt d’un genre spécial, étranger aux préoccupations de la Commission du Vieux Paris.

La seconde maison assez intéressante est un ancien hôtel situé rue Domat, 26, et dont l’entrée se trouve 31, rue Saint-Jacques. C’était une demeure importante qui contient encore beaucoup d’ouvrages de ferronnerie de la bonne époque, mais assez communs encore dans les vieux logis parisiens.

La Commission propose qu’il soit demandé à l’Administration de réserver dans les cahiers de charges des adjudications de démolitions nécessitées par le percement de la rue Dante :

Au n° 57 de la rue Galande :

Deux plaques de cheminées.

La porte d’entrée avec son imposte.

Au n° 29 de la rue Saint-Jacques et n° 53 de la rue Galande :

Un petit appui de fenêtre. Adopté.

17. — Adoption d’un projet de vœu de M. Lucien Lambeau tendant à retenir, pour réinstallation dans les écoles professionnelles Diderot et Boulle, de matériaux artistiques, tels qu’appuies de fenêtre, rampes d’escaliers en fer forgé et boiseries sculptées, à provenir des expropriations faites par la Ville.

M. Lucien Lambeau appelle l’attention de la Commission sur les photographies envoyées par le service d’Architecture. Il fait remarquer la belle variété des appuis de fenêtre en fer forgé qui ornent les maisons à exproprier, non seulement des rues Saint—Jacques, de Varenne, du Renard, Galande, Réaumur, des Petites-Ecuries, mais encore d’autres immeubles qui vont prochainement disparaître et dont les matériaux appartiennent à la ville de Paris.

Il y a là des modèles très intéressants des styles Louis XIV, Louis XV et Louis XVI, avec, de chaque époque, une assez grande diversité de dessin. Il fait remarquer à la Commission combien il serait utile que les jeunes apprentis de l’école Diderot, auxquels on enseigne les travaux du fer, eussent constamment sous les yeux, à l’atelier ou à la récréation, des spécimens de cette nature représentant les types achevés de la vieille industrie parisienne du fer.