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dont la production va permettre de trancher le débat.
Le service des Archives départementales, poursuivant la réalisation des vceux émis par le Conseil général de la Seine, a récemment obtenu le versement au dépôt du quai Henri IV de la portion ancienne des archives de la direction départementale des Domaines ; c’est en procédant à un premier classement de ce fonds important que je rencontrai un « état des lieux « d’une maison sise à Paris, rue Saint-Honoré, « appartenant aux dames religieuses de la « Conception, louée à M. Duplay, maître« menuisier», en date du ler juillet 1783. Cette pièce était manifestement relative à la maison de Robespierre ; si elle était restée jusqu’ici inconnue, elle était susceptible de fournir des éléments d’information nouveaux.
J’étudiai, avec la plus grande attention et la plus sincère impartialité, les deux articles d’Ernest Hamel et la brochure intermédiaire de M. Sardou ; de cette étude voici les conclusions : l’état de lieux de 1783 n’a été connu ni de l’un ni de l’autre auteur ; d’autre part, chacun d’eux a produit un certain nombre de faits exacts, un certain nombre d’autres qui ne le sont point, en même temps que chacun d’eux a justement rectifié un certain nombre d’erreurs de son antagoniste ; mais, en dernière analyse, Ernest Hamel a raison contre M. Sardou.
Cette lecture faite, ma conviction acquise, il restait à soumettre la thèse de M. Sardou à une épreuve, dont elle n’a pu triompher.
Tout le monde s’accorde à reconnaître que de 1779 à 1811 la maison de la rue Saint—Honoré ne fut l’objet d’aucune démolition, totale ou partielle, d’aucune transformation, d’aucune surélévation, d’aucun gros travail généralement quelconque ; telle elle était en 1779 et en 1783, telle elle était à l’époque de Robespierre, telle elle subsista jusqu’en 1811, et telle elle subsiste, encore aujourd’hui, d’après M. Sardou, du moins en ce qui concerne le rez-de-chaussée et le premier étage du bâtiment sur cour.
On conçoit, dans ces conditions, l’intérêt de la découverte de l’état de lieux de 1783. Si l’opinion de M. Sardou est fondée, la disposition actuelle des lieux doit concorder avec la description de 1783 ; s’il n’en est rien, la thèse d’Ernest Hamel s’impose désormais, sans contestation possible, et, de plus, l’érudition parisienne possède le document nécessaire et suffisant pour reconstituer, avec une parfaite exactitude, en plan, élévation et distribution intérieure, la maison de Robespierre
Je me suis rendu rue Saint-Honoré ; l’état de lieux en mains, j’ai examiné l’ensemble des constructions ; je me suis particulièrement arrêté dans la chambre du premier étage, sur cour, dans laquelle M. Sardou reconnaît la chambre de Duplay et signale des « boiseries » du xviiie siècle.
En 1783, on accédait à cette chambre par un escalier placé à l’opposé de celui d’aujourd’hui, et à une autre place, d’ailleurs, que celle que lui ont attribuée MM. Sardou et Ernest Hamel ; la porte d’entrée était à deux vantaux ; la pièce prenait jour sur la cour par deux grandes croisées et une troisième plus petite ; on ne voit plus aujourd’hui que deux fenêtres, garnies chacune, non plus, comme en 1783, d’un balcon de fer à panneau d’ornement, avec plate-bande arrondie par-dessus, mais simplement de deux grossières barres de fer, constituant garde-corps ; plus d’alcôve à portes vitrées, éclairée par un petit châssis donnant sur l’escalier.
Je n’insiste pas davantage, le texte intégral de l’état de lieux devant être prochainement publié ; je me borne à constater que la discordance est manifeste, absolue, générale.
Quant aux boiseries, ou, pour parler plus exactement, au parquet de glace qu’on voit dans cette chambre, j’estime qu’il provient de la maison antérieure, démolie en 1811 ; un examen moins superficiel et plus impartial eût permis de constater que ce parquet de glace, plus large que le coffre de cheminée contre lequel il s’appuie, n’était pas primitivement destiné à cet emplacement.
Il reste enfin à dire un mot touchant l’établissement de l’état de lieux de 1783.
A cette époque, le menuisier Duplay était principal locataire du couvent de la Conception, pour la maison de la rue Saint-Honoré, en vertu d’un bail, en date du 4 juin 1778, d’une durée de neuf ans, à compter du premier avril 1779.
Il est d’usage de dresser un état de lieux à l’époque de l’entrée en jouissance du preneur, et non, comme on le fit en l’espèce, plus de quatre ans plus tard, quand la durée du bail était déjà réduite de près de moitié ; comment expliquer cette anomalie ? En l’absence de documents sur ce point plus explicites, une hypothèse paraît plausible : dans la première moitié de l’année 1783, la maison de la rue Saint-Honoré, vieille déjà, mais que Duplay trouvait intérêt et commodité à habiter, dut être l’objet d’une restauration importante, à laquelle Duplay, ayant