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son hôtel de la rue Bourbon-Saint-Germain (aujourd’hui rue de Lille), a été inhumé le 12 mars 1781, dans cette chapelle des Incurables où la branche des Turgot Saint-Clair avait déposé les corps de trois de ses membres.

Depuis, que s’est-il passé ? Les Turgot Saint—Clair avaient-ils un caveau de famille aux Incurables ? ou bien leurs morts étaient-ils enterrés à même le sol de la chapelle ? C’est ce qu’il y aura à déterminer.

Dans ces conditions, les recherches à la chapelle des Incurables pourront avoir quelque utilité, et, d’accord avec la famille, il y aura lieu de les effectuer.

Déjà MM. Sellier, Coyecque et moi nous avons visité cette chapelle, lundi dernier, accompagnés du directeur de l’hôpital Laënnec et d’un inspecteur d’architecture. Nous avons examiné les quelques pierres tombales qui sont encore dans le pavement de l’église. Les deux seules qui aient retenu notre attention sont celles qui se trouvent à gauche de l’autel édifié dans la chapelle de gauche.

Nous avons déterminé, comme vous le verrez ci après, que l’une de ces pierres appartenait à un Turgot. Seulement ce n’est pas celle du ministre, comme on l’a dit tout récemment par erreur : c’est celle du président de la Noblesse de Normandie, de Jacques Turgot, inhumé aux Incurables en 1659.

Voici sur quelles bases repose cette affirmation.

Nous avons vu, tout à l’heure, par la pièce conservée aux archives de l’Assistance publique, que Philibert Bernard, maître sculpteur, avait, pour 72 livres, taillé, scié et gravé les tombes et pierre de liais, de M. Turgot, seigneur de St Clair, et de Mre Martin, prestre.

Or nous possédons la description de ces deux tombes dans le célèbre épitaphe parisien conservé à la bibliothèque de l’Arsenal.

À la page 474 de son quatrième volume, il dit :

Dans la chapelle de St.... (c’est la chapelle de gauche qui fait pendant à celle de St Joseph qui est à droite) tout proche de l’autel de ladite chapelle, et du côté de l’évangile, se voit une tombe de pierre de liais sur laquelle est gravé ce qui suit :

Cy gist le corps de Mre Jacques Turgot, Cher Seigr de S’ Clair, Coner du Roy en ses conseils d’Estat et privé, et direction de ses finances, décédé en ceste ville le 23 may 1659, lequel pour l’estime qu’il faisait de cest hospital, a désiré et ordonné son corps y estre inhumé. afin d’avoir part aux prières qui s’y font.

Dieu luy donne repos éternel.

Et au-dessus de cette tombe, contre la muraille de ladite chapelle, et au costé de l’Évangile, se voit l’épitaphe dudit Sr Turgot, sur une pierre de marbre blanc, enchâssée sur une autre pierre de liais enrichie d’or et de marbre blanc et noir, et au haut duquel sont les armes dud. Turgot sur une pierre de marbre noir et blanc, au haut duquel épitaphe sont les armes, avec cette inscription, ainsy qu’il s’en suit :

D. O. M

Illustrissimo nobilissimoque viro Jacobo Turgot equiti, domino de Saint Clair, du Mesnil Gondoin, de Ste Honorine, de Ste Croix, de Bellou, de Bons, de Soumons, de Noron, Comiti consistoriano ordinatio.

EPITAPHIUM[1].
QUIS QUIS ADES, LACRYMAS POSCUNT HOEC MARMORA, QUAM VIS IPSA MORI VIRTUS NESCIA FLERE VETET. HEU ! TURGOTUS OBIT, QUEM VIRTUS EXTULIT ET QUEM DUCTA PER ILLUSTRES LINEA FUDIT AVOS. ILLE AMPLEXUS AVOS TRABEIS INTENDIT, ET ARMIS. PROESTITIT, ET GEMINE PALLADIS ARTE POTENS, INGENS ORIS HONOS, INGENS OPULENTIA LINGUDE, FORTIAQUE EXCELSAE ROBORA MENTIS ERANT. QUANTA FIDES ! SEU DUM VETEREM SOLATUR AMICUM, SEU NULLA EXEQUITUR DUM SUA PACTA MORA, NOBILIBUS PATRIAE BIS DENO LECTUS IN ANNO, ORDINIS EGREGH JUSQUE DECUSQUE FOVET HUNG PRIMUM EXCOLUIT SANCTO THEMIS ALMA SENATU ; TUM SACRO EXCEPIT PRINCIPIS AULA FORO : NEUSTRIA JUDIGIIS PHOEFECTUM VIDIT ET ARMIS ; JURA DEDIT LOEDO. JURA DEDIT LIGERI,
PROEFUIT ORDINIBUS PATRIA DE GENTE COACTIS ET MIRA FLEXIT DEXTERITATE ANIMOS. CONSILII DUDUM FACTUS COMES, ECCE REMISIT SANCTAM ANIMAM COELO, CORPUS INANE SOLO. UT DOMUS AETERNUM LANGDENTI ALIMENTA MINISTRET, HUIC MORIENS NUMMUM MILLIA BINA DEDIT. PRO PRATRE RITE OMNES CELEBRANDA HAC ŒDE PER ANNOS OERE SUO NATI CONSTITUERE SACRA OBIIT DIE VIGESIMA TERTIA MAII ANNO DOMINI MDCLIX, ŒTATIS ANNO LXVII.

Et au-dessous, sur une petite pierre de


  1. Cette épitaphe a été restituée par M. Coyecque, qui a collationné les différents textes connus.

    Bibliothèque nationale :

    Ms. français t. 30843, fol. 220-221.

    — — 32348, p. 92-97.

    — — 32705. p. 238-239.

    — — 32707, p. 211-212.

    Bibl.de l’Arsenal, ms. f. ms.5403, p. 453. Cf. ms. 5408.