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" Extrait des registres des actes de décès de ta Paroisse de Saint-Sulpice, 1781.

Le 21 mars 1781, a été fait le convoi et ensuite transporté en l’église des Incurables rue de Sévre, le haut et puissant seigneur Mre Anne-Robert-Jacques TURGOT, chevalier seigneur et marquis de Laune, ministre d’État, ancien intendant de Limoges, ancien secrétaire d’État au département de la marine, ancien contrôleur général des finances et honoraire de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, décédé le 18 en son hôtel rue de Bourbon, âgé de près de 54 ans.

Témoins :

Haut et puissant seigneur Mre Étienne-François Turgot, chevalier, marquis de Sousmont, seigneur de Bretignolles et autres lieux, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, brigadier des armées du Roy, ancien gouverneur et lieutenant général pour Sa Majesté de la Guieune française, frère du défunt, et haut et puissant seigneur messire Anne-Etietme-Michel Turgot, chevalier, enseigne au régiment des gardes françaises, son neveu.

Qui ont signé :

Le marquis Turgot ; le comte Turgot du Mesnil, marquis de Sommery ;+D. A. Ev. d’Avranches ; le comte d’Argonges de la Boëssière ; comte de Chambors ; et Raps, vicaire. »

Sur ces données, M. de Ricaudy et le directeur de l’école Turgot, M. J. Boitel, adressaient à M. Napias, directeur de l’Assistance publique, la lettre qui suit :

Monsieur le Directeur,

Les recherches historiques sur la vie et les derniers moments do Turgot et, en même temps, des travaux sur la topographie du vieux Paris, nous ont amenés, à la suite de longues investigations et grâce à l’aimable concours de M. Servois, directeur des Archives nationales, à éclaircir la question, jusqu’ici obscure, de savoir ou fut inhumé le ministre de Louis XVI.

Nous avons acquis la certitude que cette inhumation avait eu lieu, le 22 mars, à l’église des Incurables, aujourd’hui chapelle de l’hôpital Laënnec. Or, ayant exploré les dalles tumulaires, au nombre d’une dizaine, dans cette chapelle, nous avons constaté, avec regret. que les inscriptions en étaient pour la plupart indéchiffrables. En conséquence, nous venons vous demander votre autorisation et votre concours, afin de pouvoir procéder, en ce lieu, à l’enquête nécessaire pour savoir où se trouvent exactement les restes de ce grand homme, dont l’école Turgot serait heureuse de pouvoir honorer la sépulture à propos du soixantième anniversaire de sa fondation.

Recevez, etc.

Cette demande fut apostillée par M. Herbet, maire et président de la Société archéologique du VIe arrondissement’, par M. Wiggishoff, maire du XVIIIe arrondissement et président

de lu société archéologique du Vieux Montmartre ; par M. Eugène Manuel, président de la Société historique d’Auteuil et de Passy ; par M. Charles Magne, secrétaire général de la Société historique de la Montagne Sainte-Geneviève.

Le directeur de l’Assistance publique répondit à MM. de Ricaudy et Boitel qu’il accordait bien volontiers « cette autorisation, sous la seule condition que son administration n’aura à supporter aucuns frais et que les recherches seront faites sous la surveillance de l’architecte de l’hôpital, M. Belouet, 10, rue de la Cerisaie ».

Mais il est évident que cette autorisation devenait sans effet dès l’instant que c’était votre Sous-Commission des fouilles qui était chargée de procéder officiellement aux investigations nécessaires, investigations qu’elle n’avait d’ailleurs l’intention de poursuivre qu’en tenant compte des convenances dues autant aux représentants de la famille Turgot, qui pouvaient exister encore, qu’à ceux qui avaient pris l’initiative des recherches.

L’acte de décès de Turgot disait formellement que le grand ministre avait été inhumé aux Incurables. On aurait pu, dès lors, aller de suite à l’hôpital Laënnec et commencer de premières recherches. Mais votre Commission a voulu que tout travail de recherches sutplace fût précédé d’investigations sur les sources imprimées ou manuscrites relatives à Turgot.

Comme les archives de l’Assistance publique possèdent des documents sur les Incurables, il était de toute logique que des recherches y fussent faites, J’ai ainsi constaté qu’un premier Turgot avait été inhumé aux Incurables en 1059. En effet, dan» le carton 6 (années 1660-1661), se trouve une quittance du 3 février 1660, de Philibert Bernard, maître sculpteur, d’une somme de 72 livres, pour « avoir taillé, cié et gravé les tombes de pierres de lyais de M. Turgot, seigneur de Saint-Clair, et de Mre Martin, prestre ».

Puis dans le 76e carton (années 1721 à 1728) se trouve ce document :

Du testament et ordonnance de dernière volonté de deffunte dame Jeanne du Tillet, veuve de M. Antoine

Turgot, chevalier, seigneur (le Saint-Clair, conseiller du Roy en ses conseils, ninistre des requestes ordinaire de son hostel, reçu par Bronod et son confrère le 16 janvier 1728 a été extrait ce qui suit :

Donne et lègue ladite dame testatrice à l’Hostel-Dieu, mil livres une fois payée, pareille somme de mil livres une fois payée à l’Hôpital général et douze cents