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mission du Vieux Paris. Sur le point de commencer la réédition du tome Ier, qui comprendra les mairies, les théâtres, les fontaines, les places, les squares, etc., il serait heureux de soumettre le travail à la 1re Sous-commission, qui a également dans ses attributions les œuvres d’art de la Ville. Il ajoute qu’il voudrait établir ce volume en y insérant des plans et des gravures, de façon à lui donner un intérêt commercial en librairie. Ce volume terminé, viendrait celui relatif aux grands monuments parisiens et enfin un ouvrage spécial avec gravures affecté spécialement au musée Cernuschi.

La proposition de M. Brown est adoptée et renvoyée pour exécution à la 1re Sous-commission.


M. André Laugier donne lecture d’une note relative à l’utilité de marquer par un tracé sur le sol l’emplacement d’anciennes enceintes ou d’anciens monuments de Paris.

À la dernière séance, à laquelle j’ai eu le regret de ne pas assister, M. Georges Villain a exprimé le désir de voir indiquer par un large trait sur la chaussée, à l’aide d’un pavage différent, les endroits où passait l’enceinte de Philippe-Auguste, ainsi qu’on l’a fait pour l’emplacement de la Bastille ; et M. Mareuse a répondu que le Comité des inscriptions parisiennes s’était occupé de cette question, demandant qu’un tracé de cette enceinte fût gravé sur une plaque à placer dans la cour du Mont-de-piété contre la tour encore debout.

Je crois devoir faire connaître à la Commission que, depuis seize années déjà (en 1882), le tracé qui fait l’objet des vœux de nos deux honorables collègues existe sur le sol de la première cour du Mont-de-piété. J’ajoute qu’une plaque de marbre blanc, très en vue, placée à la même époque, sur la façade de l’un des bâtiments de cette cour qui sert de passage entre les rues des Francs-Bourgeois et des Blancs-Manteaux, invite les passants à porter leurs regards sur le tracé qui, sans cette précaution, pourrait fort bien n’être pas remarqué.

Voici le texte de cette inscription :

« L’enceinte de Paris, commencée par Philippe-Auguste vers 1190, traversait l’emplacement de cette cour, suivant le tracé exécuté sur le sol. »

Notre collègue M. Georges Villain a rappelé qu’un tracé semblable existe, depuis quelques années, place de la~ Bastille. L’on sait qu’un tracé analogue a été effectué bien antérieurement, à la suite des fouilles opérées en 1866,[1] sur le sol de la cour du vieux Louvre où sont figurées les lignes des anciens bâtiments de Philippe-Auguste et de Charles V ainsi que les contours du vieux Donjon et de plusieurs autres tours de l’ancien palais.

Il est à regretter que, dans la cour du Louvre, rien n’appelle l’attention du public sur la signification du tracé ; et il semble que l’inscription placée dans la cour du Mont-de-piété pourrait très utilement être invoquée comme précédent.

Une autre inscription a été gravée en 1885, par les soins de M. le Directeur du Mont-de-piété, sur un mur voisin de la tour de Philippe-Auguste.

Sur la plaque de marbre où se trouve cette inscription est dessiné l’ancien tracé de l’enceinte déjà figurée sur le sol de la cour voisine, avec les contours de la tour elle-même, et le plan de l’hôtel de Nouvion, voisin des constructions du Mont-de-piété et aujourd’hui démoli.

D’intéressants fragments de la façade de cet ancien hôtel ont été apposés sur le mur même où est fixée la plaque de marbre ci-dessus désignées.

Mais l’enceinte de Philippe-Auguste ne mérite pas seule d’être signalée à l’attention du public parisien.

M. Mareuse, légitime interprète du Comité des inscriptions parisiennes, parlait à la dernière séance de l’enceinte de Charles V, œuvre d’Étienne Marcel, et dont il est d’autant plus intéressant de fixer le souvenir qu’il n’en existe aucune trace matérielle, aucun reste de tour ou de bastion, pas même un pan de muraille, et exprimait le désir que sa place exacte fût indiquée dans la cour du Carrousel.

Je ne puis que joindre mon vœu au sien, en ajoutant que le tracé de la même enceinte pourrait être également indiqué place du Théâtre-Français, sur l’emplacement de l’ancienne rue du Rempart démolie en 1866 pour créer cette place, et de la porte Saint-Honoré, devant laquelle fut blessée Jeanne d’Arc.

Signé : André Laugier.
  1. Voir le dessin du Monde illustré, n° du 18 septembre 1866,