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Rue du Louvre, dans les fouilles exécutées pour la construction de la galerie de décharge qui relie la rue de Rivoli à la Seine, on a trouvé un certain nombre de poteries plus ou moins brisées, datant de la Renaissance et des temps modernes, mais dépourvues de caractère et d’intérêt, puis quelques fragments de colonnes privées de chapiteaux et d’ornements, ainsi que des débris de balustres en pierre du xvie siècle. Quelques menues monnaies anciennes, rencontrées aussi parmi ces déblais, nous ont été remises par les terrassiers, à qui nous avons fait distribuer les rémunérations nécessaires. Parmi ces monnaies, la plupart très frustes, nous pouvons signaler : un moneron, ou pièce fiduciaire du temps de la Révolution émise par les frères Moneron ; une pièce de cinq centimes de la République française (époque de la Révolution), B (Strasbourg) ; un liard de Louis XIV, G (Poitiers) ; un autre liard de Louis XIV, D (Lyon) ; un double tournois de Louis XIII, A (Paris), 1620 ; deux deniers tournois de Gaston d’Orléans, 1649, principauté de Dombes ; une pièce de quatre sols, argent, de Louis XIV. 1675, D (Lyon) ; un double sol, billon de Louis XV, A (Paris), 173… ; un jeton de Louis XIV, date illisible ; un sol de Louis XVI, date illisible ; une pièce du moyen âge à identifier ; un jeton de Saint-Benoît du xviie siècle ; un jeton de Nurenberg du xviie siècle ; un double tournois de Henri III, date illisible.

À l’angle ouest de la place des Pyramides et de la rue de Rivoli les fouilles souterraines ont rencontré, parmi d’anciennes substructions, un puits en pierre de taille de 2 mètres de diamètre et de 0 m. 50 c. d’épaisseur de muraillement. En se reportant aux plans de la fin du xviiie siècle, on constate qu’on se trouve en présence des substructions des anciennes écuries du Roi, lesquelles dataient de Catherine de Médicis et avaient été construites par Philibert Delorme ; elles ont été démolies en vertu d’un décret du 17 vendémiaire an X, signé par le premier consul pour la création de la place des Pyramides. Le puits des écuries du Roi figure sur les plans de Jaillot et de Verniquet. Non loin de là, à l’angle ouest des façades de la même place, on a traversé une ancienne galerie abandonnée, en pierre de taille de 1 m. 30 c. de largeur avec des murs ayant une épaisseur peu normale de 1 m. 90 c. Nous ignorons encore la destination de cette galerie.

Malgré le peu d’importance de ces découvertes, nous espérons que, munis par la suite des attachements relevés par MM. les conducteurs de la Ville, nous pourrons identifier quelques-unes des constructions souterraines rencontrées au cours des travaux, et fixer ainsi quelques nouveaux repères du vieux Paris disparu.

Charles Sellier.

M. le Président croit être l’interprète de la Commission pour adresser des remerciements à M. l’ingénieur Legouez pour les documents qui ont servi à l’établissement du rapport de M. Charles Sellier.

M. Charles Sellier donne ensuite communication de la note suivante, rédigée par MM. le docteur Capitan et d’Ault du Mesnil, relativement aux fouilles de la place du Petit-Pont :

L’existence d’un dépôt de terre tourbeuse (mis à jour par les travaux de l’égout au coin de la rue du Petit-Pont et de la rue de la Bûcherie) a été signalée par M. Rollain. Les observations multiples que nous avons pu faire sur place, l’étude des objets recueillis par M. Rollain, nous permettent de formuler les conclusions suivantes.

Au niveau du coude que formait jadis la Seine en ce point et sur sa rive gauche, il existait, dès l’époque gauloise et jusqu’à l’époque mérovingienne, des habitations dont les rejets nombreux, mélangés à de très abondants débris végétaux (bois et roseaux), ont contribué à former un dépôt de terre tourbeux d’une épaisseur de 1 m. 80 c. à 2 mètres environ, séparé par une mince couche de sable en deux zones de même composition, mais dont le contenu diffère. Le tout repose sur une argile blanche fluviatile sans âge. La zone inférieure de la terre tourbeuse a une épaisseur de 1 m. 25 c. environ ; elle renferme exclusivement des débris de poteries grossières gris-brun et des fragments de poterie plus fine noirâtre. Ces poteries peuvent très vraisemblablement être considérées comme gauloises. La zone supérieure, d’une épaisseur de 55 à 70 centimètres environ, renferme dans ses parties inférieure et moyenne des tessons de poteries noires, fines, souvent ornées de traits entrecroisés mats sur fond brillant, des fragments de poteries grises, blanches et même rouges (terres pseudo-samiennes de fabrication romaine) et de débris d’amphores. Cette couche est donc gallo-romaine. À la partie supérieure, on rencontre des tessons mérovingiens avec le petit quadrillage caractéristique.

Il y a donc là trois époques nettement indiquées par la céramique cantonnée exactement dans chaque couche : gauloise, gallo-romaine et mérovingienne.