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promptement à préserver les œuvres d’art des dangers de perte ou de détérioration.

Les propositions de la Commission sont approuvées.

Les projets de vues à prendre et la description de la cloche sont renvoyés à la 3e Sous-commission.

L’étude des moyens de suivre les inventaires d’œuvres d’art est renvoyée à la 1re Sous-commission.

M. Charles Sellier donne lecture du rapport suivant :


Rapport présenté par M. Charles Sellier, au nom de la 2e Sous-commission, relativement aux découvertes faites dans les fouilles exécutées dans Paris pendant les mois de juillet, août et septembre 1898.

Messieurs,

Les fouilles exécutées, rue des Prêtres-Saint-Germain-l’Auxerrois, dans le cours de la deuxième quinzaine de juillet, pour la construction de plusieurs branchements d’égout, ont amené quelques découvertes analogues à celles déjà faites en février dernier. Ainsi, on a d’abord trouvé, au long des maisons portant les nos 11 et 17, plusieurs cercueils de plâtre, assez bien orientés, mais entièrement brisés, du même genre et de la même époque que ceux mentionnés, pour le même point, au procès-verbal de la séance du 3 mars 1898. On n’a pu en conserver aucun fragment intéressant. Ils ont été rencontrés à environ 1 m. 50 de profondeur dans le sol.

Puis, vis-à-vis le no 21, les terrassiers ont mis à jour, à la même profondeur, deux cercueils en pierre, de forme trapézoïdale en plan comme les précédents, mesurant chacun en moyenne 2 m. 04 c. de long sur une largeur de 0 m. 80 c. en tête et de 0 m. 38 c. en pied, avec une épaisseur de parois d’environ 0 m. 08 c, mais tous deux sensiblement plus élevés à la tête, où ils ont 0 m. 74 de haut, qu’au pied, où ils n’ont que 0 m. 48 c. Les couvercles qui devaient les fermer en avaient presque entièrement disparu, et les informes fragments qui en subsistent ne nous ont pas permis d’en reconstituer une figure exacte. La nature de la pierre où ces cercueils ont été creusés est assez tendre et n’est autre qu’une sorte de lambourde provenant des carrières de notre bassin parisien. Leur taille, irrégulière et grossière, qui paraît avoir été faite avec le marteau taillant sans dents, analogue à celui dont on se sert encore aujourd’hui, appartient assurément à une basse époque. Par leur style et leur forme particulière, ces cercueils sont à peu près semblables à ceux d’époque mérovingienne qu’on a trouvés il y a quelques années dans l’ancien cimetière Saint-Marcel et qui sont depuis conservés au musée Carnavalet. Leur antiquité est absolument incontestable, car le cimetière où ils reposaient, et qui longeait jadis le côté méridional de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, avait de bonne heure cessé d’exister. Depuis longtemps, sans aucun doute, la paroisse du lieu envoyait ses morts au cimetière des Innocents ; en effet, dès la fin du xiiie siècle, le joyeux Dict des rues de Paris, de Guillot, mentionne en cet endroit une voie de communication qu’il appelle rue sus la rivière. Au commencement du siècle suivant, ainsi qu’il appert du Rôle de la taille de Philippe-le-Bel, cette rue portait le nom de l’Encloître, et, comme elle était en grande partie habitée par le clergé de l’église voisine, elle a fini par prendre le long vocable de rue des Prêtres-Saint-Germain-l’Auxerrois.

Quoi qu’il en soit, les deux cercueils en question ont été trouvés béants et remplis de terre, où quelques fragments de leurs couvercles se trouvaient enfouis. Ces cercueils ont été vidés en notre présence, et la terre qui les emplissait a été examinée attentivement par nous à chaque pelletée ; on n’y a, enfin, rencontré que des débris d’ossements humains provenant des squelettes rompus qui gisaient dans le fond ; aucun autre objet n’y a été trouvé. Ces deux cercueils ont été transportés à Carnavalet.

Place de l’École-de-Médecine, vers l’entrée de la Clinique, les fouilles en souterrain exécutées pour la déviation du collecteur de Bièvre ont rencontré pendant la première quinzaine de juillet un certain nombre de débris assez menus de pierres tombales avec inscriptions provenant de l’ancien cloître du couvent des Cordeliers, qui se trouvait autrefois en ce point. La plupart des inscriptions sont en lettres gothiques du xve siècle ; mais les textes en sont tellement tronqués et mutilés qu’il est impossible de les identifier. Sur l’un de ces débris, on lit cependant en lettres romaines capitales : …MOYSEL… ETTE… AME DE Gï… COURT… T… LAQUELLE DÉCÉDA… L’AN 1566… PRIEZ… Nous avons consulté l’Épitaphier du vieux Paris de M. Raunié, mais nous n’y avons rien trouvé se rapportant à cette inscription Ces débris