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TRAVAUX DES TROIS SOUS-COMMISSIONS
1re SOUS-COMMISSION.
Augmentation du nombre des monuments historiques classés.


M. Alfred Lamouroux expose que M. Charles Lucas a proposé de rendre plus claire la nomenclature des monuments historiques classés et d’augmenter le nombre des édifices qui y sont compris.

La lre Sous-commission est chargée de préparer pour la prochaine réunion une courte notice explicative des monuments classés existant dans la Ville de Paris.

Le même membre dit ensuite qu’au moment où M. Ch. Lucas réclamait l’augmentation du nombre des monuments classés, M. Laugier signalait l’exécution dans l’ancien hôtel de Rohan, occupé par l’Imprimerie nationale, de travaux de construction pouvant compromettre la conservation du magnifique bas-relief : des Chevaux à l’abreuvoir, de Le Lorrain. Une visite faite sur place a permis de constater que le bas-relief ne courait pas de danger immédiat, mais que les aménagements successifs de la construction nouvellement établie au-dessous pouvaient entraîner des inconvénients.

Aussi la 1re Sous-commission propose d’émettre un vœu tendant au classement non seulement du bas-relief : des Chevaux à l’abreuvoir, mais encore de l’édifice tout entier de l’ancien hôtel de Rohan, ce qui permettra de conserver toutes les œuvres d’art qui y sont contenues.

M. Charles Sellier signale à l’attention de la Commission que ce n’est pas seulement l’œuvre du sculpteur Le Lorrain qui est en danger, mais bien encore les merveilleuses décorations de l’intérieur de l’hôtel de Rohan, que l’administration de l’Imprimerie nationale aurait l’intention de faire enlever lors de son prochain déménagement pour en orner les locaux, qu’elle est appelée à occuper à Grenelle et qui ne sont autres que les anciens bâtiments de l’usine Cail. Parmi ces décorations, il faut citer tout d’abord deux raretés, c’est-à-dire deux paysages de Boucher formant dessus de portes (Boucher n’est pas très connu comme paysagiste) ; puis les lambris sculptés et dorés du grand salon ; les trumeaux mythologiques peints par Pierre ; le grand cabinet dit des Singes, dont les panneaux représentant des sujets galants et badins, encadrés de guirlandes et de singeries, ont été peints par Christophe Huet. Or toutes ces décorations, étant immeubles par destination, ne sauraient être distraites de leur emplacement d’origine sans porter le tort le plus considérable à l’édifice dont elles font partie, édifice dont la conservation intégrale pourrait être utilisée à l’extension des Archives nationales, qui se trouvent déjà très à l’étroit au palais de Soubise.

M. Augé de Lassus expose que l’hôtel de Rohan est remarquable à tous égards, il est propriété de l’État ; l’on regretterait de le voir vendre si le service public auquel il est affecté venait à être déplacé. Il est mitoyen avec les Archives nationales qui, fatalement et dans un temps peu éloigné, vont se trouver à l’étroit dans l’ancien hôtel de Soubise. La réunion de ces deux hôtels serait ainsi profitable et l’hôtel de Rohan serait sauvé.

M. Alfred Lamouroux résume la question et formule une proposition tendant à demander que l’hôtel de Rohan soit conservé dans son état actuel, qu’il soit classé comme monument historique et que l’État en garde la propriété.

M. le Président appuie la proposition de M. Lamouroux et dit qu’il interviendra auprès des ministres de la Justice et des Beaux-arts pour en poursuivre la réalisation.

La proposition de M. Lamouroux est adoptée.


Projet de classement des monuments artistiques et souvenirs historiques appartenant à la Ville de Paris.


M. Alfred Lamouroux expose que la 1re Sous-commission a mis à l’étude un projet de classement des monuments parisiens, ayant une certaine analogie avec l’organisation des monuments historiques, et qu’un rapport sera produit à ce sujet.


Communication de M. Arondel au sujet du plan des fontaines de Paris.


M. Alfred Lamouroux dit que le plan que M. Arondel offrait de communiquer est bien connu. C’est le plan de l’abbé de la Grive, inséré dans le Traité de la police de De La Mare.

L’ordre du jour est prononcé.