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autres des temps modernes, la plupart de forme assez grossière et sans importance.

Au puits du boulevard Saint-Michel, à l’angle de la rue Saint-Séverin, on a trouvé deux petites pièces de monnaie de cuivre dont l’une est un double tournois à l’effigie et au nom de François de Bourbon, prince de Conti, sans millésime, portant au revers les armes de ce prince : trois fleurs de lis, avec le bâton péri en bande ; l’autre piécette est un simple denier où l’on ne distingue plus que le millésime 1634.

Au puits de la place Saint-André-des-Arts, à une profondeur moyenne de 1 m. 50 c. on a rencontré un massif de maçonnerie presque carré en plan de 1 m. 75 c. de côté et de 2 m. 85 c. de haut qui pourrait bien être la substruction d’un des piliers de l’ancienne église Saint-André-des-Arts.

Plus loin, vers l’entrée de la rue Saint-André-des-Arts, on a traversé un important massif de même nature sur 3 mètres d’épaisseur, 2 mètres de hauteur, et à 3 mètres de profondeur au-dessous du sol.

Mais la découverte la plus intéressante faite en ces parages est une pierre sculptée et peinte paraissant remonter par son style au XVe siècle. Elle représente un personnage accroupi, dans l’attitude de la prière, présentant sur sa poitrine un écusson dont la pointe est arrondie, où l’on voit sculptés trois vases à couvercle, posés 2 et 1. Nous n’avons encore pu identifier ces armoiries. Il est possible qu’elles rappellent la famille dont l’un des membres fut, au XVe siècle, un des bienfaiteurs de l’église Saint-André-des-Arts, sinon une confrérie d’artisans ou de marchands qui aurait pu avoir là sa chapelle.

C’est aussi du puits de la place Saint-André-des-Arts que provient une pièce de monnaie en alliage de cuivre et d’argent au millésime de 1577 et aux armes royales de France, qui n’est autre qu’un douzain du temps de Henri III. Le douzain valait douze deniers. Quelques ossements humains ont été aussi extraits de la place Saint-André-des-Arts. Ils proviennent sans aucun doute des caveaux de sépulture de l’ancienne église.

Dans la rue Saint-André-des-Arts, entre la rue Mazet et la rue Dauphine, le nouveau collecteur bas traverse quatre murs de 1 m. 35. c. d’épaisseur pour les trois premiers, et de 2 m. 05 c. pour le quatrième. Ce dernier est distant de l’angle de la rue Dauphine de 15 m. 75 c. Lesdits quatre murs, enfin, sont espacés de 3 m. 25 c. Suivant notre avis, on peut voir là les substructions du pont-levis, sinon d’un ouvrage avancé sur le fossé établi pour la défense de l’ancienne porte de Buci, dite aussi porte Saint-Germain, située tout près de la rue Saint-André-des-Arts, à hauteur de la rue Contrescarpe (aujourd’hui rue Mazet). D’ailleurs les terres vaseuses et nauséabondes au milieu desquelles ces murs ont été rencontrés annoncent que le fossé de l’ancien rempart passait là.

Sur le quatrième lot, il n’y a presque rien à signaler, sinon un petit pot en terre, avec anse, d’environ 0 m. 07 c. de haut sur autant de diamètre, trouvé à 4 m. 80 c. de profondeur en terre, rue de l’Université, à l’angle de la rue du Bac. Cet objet, par sa forme et sa pâte assez grossière, peut être classé parmi les poteries du XIVe siècle. Il y en a de semblables au musée Carnavalet.

Néanmoins, nous nous garderons de passer sous silence les débris d’une conduite d’eau en bois, rencontrés tout le long de la rue de l’Université entre la rue de Solférino et la rue de Beaune. À partir de ce point, l’axe du collecteur ayant été reporté de l’autre côté de la rue de l’Université, le prolongement de cette conduite nous échappe forcément. Lesdits débris étaient entièrement pourris et tombaient en poudre ; il n’en restait plus que les cerces de fer qui en constituaient l’armature. Ces cerces ont de 22 à 25 centimètres de diamètre. Quoi qu’il en soit, cette conduite, évidemment très ancienne, paraît être le prolongement de celle qu’on voit figurée sur le plan des eaux, fontaines et conduites de la ville de Paris dessiné par l’abbé de La Grive en 1737 pour le IVe volume du Traité de la Police de Delamarre. On y voit, en effet, une conduite partir de la fontaine de la Charité située rue Taranne, pour suivre la rue des Saints-Pères et la rue de l’Université jusqu’au delà de la rue du Bac.

Enfin, les travaux du grand collecteur de Bièvre ont aussi amené quelques petites découvertes. D’abord, trois piécettes de cuivre trouvées au puits situé boulevard Saint-Germain, en face du ministère des Travaux publics ; l’une de ces piécettes est un double tournois aux armes de France du règne de Louis XIII ; les deux autres sont de simples deniers dont les faces et les revers sont entièrement effacés par l’oxydation du métal.

Au puits situé sur le même boulevard, contre le jardin de l’Académie de médecine actuelle, on a rencontré quantité d’ossements humains. Il n’y a là rien d’étonnant : ce puits a été ouvert dans l’ancien emplacement du cimetière de la chapelle du Saint-Père, qui servit de lieu de sépulture aux huguenots, à