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est soumis à des prescriptions empêchant de dénaturer cette décoration ; il en est de même certainement pour les maisons formant trois des côtés du jardin du Palais-Royal, maisons qui ne sont pas classées dans la liste ; mais un procès récent a encore prouvé que, dans ces maisons, il était impossible même de convertir un châssis à tabatière de comble du côté du jardin en une mansarde.

En outre, je signalerai à la 1re Sous-commission l’intérêt que présente, au point de vue du classement, l’ancien hôtel de Montholon, situé boulevard Poissonnière, presque en face les magasins de bronzes Leblanc-Barbedienne. Cet hôtel, où fut fondée la Nouvelle Revue, dirigée par Mme Adam, a été construit, il y a un peu plus d’un siècle, pour le président de Montholon, par François Soufflot le Romain, neveu et élève du grand Soufflot, et est remarquable par l’ordonnance ionique qui décore sa façade en retraite sur le boulevard. Un portefeuille in-folio de dessins, conservé au département des Estampes de la Bibliothèque nationale, et dû à Le Queu, lui aussi élève du grand Soufflot, donne tous les détails de l’ornementation intérieure et même des objets mobiliers qui se voyaient autrefois dans cet hôtel, lequel fut et est resté un des plus remarquables types de l’architecture Louis XVI à Paris.

La Société d’archéologie de Bruxelles ayant appris la constitution et les premiers travaux de la Commission du Vieux Paris, un de ses membres, chargé de la direction des fouilles, m’a écrit pour me demander les statuts de notre Commission. Je lui ai envoyé les procès-verbaux que j’avais sous la main et, avant-hier lundi 2 mai, la Société d’archéologie de Bruxelles a dû prendre une importante décision à ce sujet.

Au sujet du rapport de notre collègue, M. Jules Périn, sur les communications venues de plusieurs grandes villes d’Europe et relatives aux dispositions prises par elles en vue de la conservation et de la restauration des monuments historiques, je pense qu’il y aurait lieu de tenir compte dans ce rapport de documents français du plus haut intérêt, tels que les Instructions rédigées, il y a plus d’un demi-siècle, par la Commission, alors récemment créée, des monuments historiques et que, après le dépouillement, par M. Périn, de son volumineux dossier, il y aurait lieu de confier, à la Commission de permanence par exemple, qui renferme des membres de chacune des trois Sous-commissions, la rédaction d’une sorte de vade mecum ou petit guide pratique des ouvriers employés à la démolition ou à la restauration de monuments présentant un intérêt historique ou artistique.

J’ai à ce sujet l’honneur de joindre à cette lettre, pour les archives de la Commission, deux séries d’Instructions rédigées à cet effet par l’Institut royal des architectes britanniques et répandues par cet institut dans tout l’empire britannique.

J’aurais encore à vous rappeler la proposition faite de publier, au procès-verbal des séances de la Commission, la liste des immeubles offrant quelque intérêt qui sont fatalement atteints par les opérations de voirie ; puis la création d’une médaille, aux armes de la ville de Paris, entourée de ces mots : Commission du Vieux Paris, qui pourrait être offerte, en argent ou en bronze, à tous ceux qui, n’appartenant pas à la Commission, lui rendraient de réels services, etc., etc.

Mais cette lettre est déjà trop longue et il me reste à peine le temps de vous présenter l’expression de mes sentiments respectueux.

Charles Lucas. »

Après la lecture de la lettre de M. Ch. Lucas, la Commission prend les décisions suivantes :

1° Renvoi à la 1re Sous-commission de la partie relative à la liste des monuments historiques.

À ce propos, M. le Président fait remarquer que la publication insérée au procès-verbal est la copie littérale de la liste officielle des monuments classés.

2° Invitation à la 3e Sous-commission de faire faire une reproduction de l’hôtel de Montholon, boulevard Poissonnière, et renvoi à la 1re Sous-commission pour classement.

3° Résolution tendant à faire le service des procès-verbaux de la Commission du Vieux Paris à la Société d’archéologie de Bruxelles.

4° Renvoi à la Commission de permanence de la partie relative au rapport de M. Jules Périn, avec mission d’étudier la rédaction à faire d’un petit guide pratique des ouvriers employés aux démolitions ou restaurations des monuments.

4° Traduction et renvoi à la Commission de permanence, pour servir à la rédaction ci-dessus, des deux séries d’instructions rédigées par l’Institut royal des architectes britanniques.