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M. Sauvageot a fait mieux ; il nous a remis l’exposé très complet et très circonstancié de ses recherches et des conclusions qu’il en tire.

Nous ne pouvons faire mieux que de transmettre à, l’Administration cette intéressante communication.

Paris, le 28 mars 1898.

Signé : Vaudremer. »


« Rapport de M. l’architecte Sauvageot.


Les fouilles et sondages qui viennent d’être opérés à l’église Saint-Pierre, à Montmartre, avaient pour but : 1° de reconnaître l’état actuel de plusieurs parties de l’édifice, au point de vue de leur solidité ; 2° de rechercher les traces ou indications des anciennes dispositions du monument qui ont disparu ou ont été modifiées à diverses époques.

La fouille n° 1 du plan ci-annexé a mis à nu les fondations du chevet du chœur et de l’un des contreforts de l’abside principale.

Au-dessus de deux assises portant glacis, actuellement enterrées, ces fondations se composent de trois assises de pierre dure bien appareillée, reposant, avec de forts empattements, sur une bonne maçonnerie de moellons hourdés en plâtre, laquelle descend à 3 m. 50 c. au-dessous du sol actuel. Le fond sur lequel ces fondations sont construites est un excellent sable jaune.

De l’examen de cette partie de l’édifice, il résulte que le chevet du chœur est établi sur des substructions très puissantes, luxueuses même et en parfait état de conservation. La disposition des glacis en pierre et des divers empattements tournant, dès le pied, autour du chevet et des éperons de l’abside montre que ces contreforts datent évidemment de l’origine de la construction de l’abside, et avec toute leur saillie actuelle. L’enterrement de plusieurs des glacis de soubassement du chevet indique d’une manière certaine que le sol a été exhaussé d’environ 0 m. 70 c. à cet endroit.

Les fouillés n-os 2 et 3 ont mis à découvert les fondations des deux petites chapelles absidales. Le pied des substructions de ces absidales se trouve à 1 m. 40 c. au-dessus du fond des fondations du, chevet.

Au-dessous du soubassement des chapelles les fondations se composent d’une seule assise en pierre d’appareil, reposant sur une maçonnerie de moellons hourdis en mortier de chaux. Ces fondations, établies également sur fond de sable jaune, sont aussi en parfait état de conservation ; elles sont, du reste, plus que suffisantes pour la charge minime qu’elles ont à supporter. — L’emploi du mortier dans la maçonnerie des substructions des deux chapelles indique l’existence de celles-ci antérieurement aux fondations de l’abside principale. Cependant, dans les contreforts des deux chapelles, on remarque que la maçonnerie de moellons est hourdée en plâtre, ce qui montre bien que la saillie des petits contreforts primitifs a été augmentée postérieurement à la construction des absidales.

Le caractère de ces contreforts, en élévation, semblait d’ailleurs suffisamment l’indiquer.

La fouille n° 4 montre la fondation en moellons de l’ancien pignon du transept sud, et aussi le soubassement en pierre d’un des éperons d’angle dudit transept, dont la saillie sur les bas-côtés se trouve ainsi exactement déterminée. Le pignon du transept actuel, refait en 1894, est placé à 0 m. 90 c. en arrière du parement du pignon ancien.

Les fondations du pignon primitif et de l’éperon découverts sont en très bon état de solidité; elles sont hourdées en plâtre, ce qui semble indiquer qu’elles sont contemporaines du chevet circulaire du chœur.

La fouille n° 5 a mis à découvert les fondations du pignon du transept nord, d’un éperon d’angle de ce , transept, et aussi le soubassement en pierre de la tourelle d’escalier du clocher du 12e siècle, lequel était placé à gauche du chœur comme le sont, à cette époque, la plupart des clochers des églises de l’Ile de France, surtout dans les églises abbatiales. La position du pignon du transept nord et de l’escalier du clocher est ainsi fixée d’une manière absolue. Il est à remarquer que les fondations de ce transept et de la tourelle d’escalier sont hourdées en mortier de chaux ; ce qui paraît indiquer leur construction à la même époque que les deux chapelles absidales.

Le transept nord serait antérieur au transept sud.

L’ensemble de ces cinq fouilles a permis de constater que les fondations de tout le chœur de l’église Saint-Pierre sont établies dans les meilleures conditions et qu’elles sont encore en excellent état de conservation et de solidité.

En outre de ces fouilles, de nombreux sondages faits dans la nef et les bas-côtés ont