Page:Privas - Chansons chimériques, 1901.djvu/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
29
Berceuse







Pour reposer tes sens, j’ai conjuré Morphée
D’auréoler ton corps d’anéantissement,
Et j’ai prié ta sœur, la souveraine fée.
De parer tes esprits du nimbe « Enchantement ».


Et voici que le dieu, cédant à ma prière,
Te jette inanimée en le nid de mes bras,
Et que sous mon baiser ne s’ouvre ta paupière
Et que le mot « aimer » ne te réveille pas !


Pour ne point te troubler ma voix se fait plus douce,
Ma caresse plus sobre en mon geste affaibli,
Et je veille sur toi cependant que te pousse
Le souffle du sommeil sur l’océan d’oubli !