Page:Principes de dressage et d'équitation.djvu/74

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
54
DEUXIEME PARTIE.

quelconque dont il a eu peur et qu’il a fui, il retourne vers cet objet qui, immobile, lui paraît moins redoutable que la chambrière. Quand il a franchi plusieurs fois, grâce à ce procédé, l’endroit où il a eu peur, il finit par ne plus éprouver aucune crainte. On remarquera qu’il n’a pas été nécessaire d’en arriver à la correction, dont on ne doit user qu’à la dernière extrémité.

Au surplus, si le cheval est trop vigoureux, je lui aurai donné par un bon temps de trot ou même de galop, s’il le préfère, le moyen de se débarrasser de son excédent d’énergie : il sera donc plus docile et plus attentif. S’il est mou[1], je lui aurai appris, par quelques coups de chambrière, qu’il doit se porter en avant.

En tout cas, j’aurai obtenu un résultat : le cheval n’a plus peur des objets qui l’environnent ; il s’y est habitué promptement, parce que, n’ayant personne sur son dos qui le gêne dans ses mouvements et l’inquiète, il a la perception plus libre. J’aurai obtenu

cela sans lutte, sans grands efforts, sans avoir eu à

  1. Il ne faut pas confondre le cheval mou avec le cheval froid. Le cheval mou, s’il est convenablement alimenté et exercé, peut devenir allant. Le cheval froid, au contraire, peut très bien avoir de la vigueur musculaire, mais il répugne à en faire usage, ou plutôt il n’en fait usage que lorsqu’il lui plaît. C’est ce qui le rend dangereux pour les cavaliers inexpérimentés. Il n’y a de vraiment sûr que le cheval généreux. Le cheval trop chaud est insupportable et cherche à s’emballer ; mais je le préfère au cheval froid. La première qualité du cheval, c’est d’avoir du cœur ou, comme on dit, d’être allant.