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NOTES D’UN CONDAMNÉ POLITIQUE.

pas cinq pieds ; 2o un banc d’environ dix-huit pouces de large qui régnait dans toute l’étendue du couloir ; 3o une double rangée de compartiments de six pieds de profondeur qui devaient nous servir de lits.

Ces compartiments au nombre de dix-huit, savoir, neuf de front sur deux de hauteur, avaient sept pieds et quelques pouces de front sur la profondeur mentionnée de six pieds, ils étaient destinés à recevoir chacun quatre occupants. Des espèces de matelas fort inégaux et fort durs étaient déposés au fond de ces compartiments ou boîtes, dans lesquelles il était aussi difficile de s’introduire qu’il était difficile d’y trouver une position supportable.

Nous descendîmes dans ce taudis affreux, par une écoutille d’environ deux pieds carrés, et deux sentinelles prirent de suite poste à deux autres écoutilles fortement grillées, commandant les deux extrémités de notre logement et communiquant avec les autres ponts du navire, du haut en bas ; c’était par ces écoutilles qu’on recevait le peu d’air et de lumière dont il nous était donné de jouir.

Les prisonniers politiques du Haut-Canada étaient au nombre de 83, on leur avait adjoint trois condamnés pour meurtre qui furent confondus avec eux, portant le nombre total à 144. L’officier qui nous avait conduits nous avait partagés en deux bandes de 72 hommes chacune ; l’une reçut l’ordre d’occuper le logement de tribord, et l’autre, celui de bâbord. Je me