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I

ENTRÉE EN CAMPAGNE.


La nouvelle, apportée à l’automne de 1838, dans les paroisses de la partie sud-ouest du Bas-Canada, qu’un soulèvement devait avoir lieu prochainement, y avait créé une excitation considérable : on s’attendait à des secours venant des États-Unis, à une coopération organisée de la part du Haut-Canada ; chacun oubliait les malheurs de l’année précédente, pour n’envisager que la possibilité du succès et, avec lui, le redressement de tous les griefs réels et imaginaires, la cessation de tous les embarras attribués à des causes politiques ou sociales. J’étais jeune, sans expérience, j’aimais sincèrement mon pays, je croyais à l’existence de tous les griefs énumérés, à l’efficacité du remède proposé, j’avais lu quelque chose de la bravoure de nos pères, je me sentais de bon sang, je donnai donc avec ardeur dans l’entraînement général. J’y allai avec toute