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VIII

LE VOYAGE DES DÉPORTÉS.


À mesure que l’été s’écoulait, la rumeur de notre départ pour l’exil s’accréditait ; mais personne ne savait quelle serait la teneur de l’ordre de commutation, et l’on ignorait complètement quel serait l’endroit de notre destination.

Enfin, après dix mois de prison et de souffrances, le 25 septembre 1839, à trois heures de l’après-midi, on vint signifier à cinquante-huit d’entre nous (voir la liste du chapitre précédent), tous condamnés à mort, que notre sentence était commuée en une sentence de déportation à vie en Australie, et que nous devions être prêts à partir pour ce voyage de plusieurs milliers de lieues, le lendemain ! Oui, un avertissement du soir pour un départ du lendemain matin, à des hommes respectables, à des pères de famille, exilés à vie parmi les forçats dans un autre hémisphère, non pas pour de des crimes atroces ou