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NOTES D’UN CONDAMNÉ POLITIQUE.

plupart de mes compagnons étaient des pères de famille, dont les femmes et les enfants étaient déjà sur le chemin, par suite de l’incendie de leurs propriétés. Pour moi, je voyais ma mère succombant sous le poids de sa douleur !

Nous fûmes bientôt après mis en cellules fermées à la clef, deux par deux, et dans le voisinage d’autres prisonniers également condamnés à mort, pour, là, attendre le jour de l’exécution qui n’était point fixé. À peine les juges-avocats venaient-ils de nous laisser, que les deux charitables prêtres, dont j’ai déjà parlé, MM. Truteau et Lavoie, ayant appris la nouvelle de notre condamnation, étaient auprès de nous ; ils demeurèrent dans la prison jusqu’à huit heures du soir, occupés de leur ministère de salut.