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notes d’un condamné politique.

Je n’avais été que quelques instants au milieu de mes compagnons de captivité, lorsqu’on vint me reprendre pour me conduire dans une autre partie du moulin, occupée par le meunier, laquelle partie m’était, me dit-on alors, destinée pour prison temporaire. Je ne savais à quoi attribuer ce traitement spécial, qui était une très grande faveur dans les circonstances ; mais le meunier m’apprit bientôt que je devais cette faveur à l’intercession de personnes influentes du village, qui voulaient reconnaître les bons procédés que j’avais eus pour elles alors que Beauharnais était au pouvoir des patriotes. Je priai le meunier de vouloir bien remercier pour moi ces excellentes personnes.

Je reçus les visites et les consolations de plusieurs de nos ci-devant prisonniers pendant cette captivité transitoire, et je tiens à les remercier ici, entre autres M. Wilson dont je n’oublierai jamais les bons services.

Le quatrième jour après mon arrestation, au matin, on me fit monter de nouveau au second étage, où je retrouvai mes compagnons et en plus grand nombre ; car on faisait tous les jours des arrestations. Nous étions encore sans feu ; mais le régime alimentaire était changé, on nous donnait un peu de viande, et on permettait aux familles canadiennes du village de nous fournir des provisions.

Messire Quintal, curé de Beauharnais, nous visitait et nous faisait apporter des douceurs ;