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IV

PRISONNIER.


Je fus conduit devant M. le major Denny, qui, en apprenant mon âge, vit de suite que ma personne n’avait pas toute l’importance que lui avaient donnée ceux qui venaient de trafiquer de mon sang ; aussi, soupçonnant quelqu’imposture de ce côté, ou peut-être voulant sauver les apparences, il fit arrêter les misérables délateurs.

On avait converti le moulin à farine de Beauharnais en prison provisoire, et c’est là que je fus conduit. Nous nous trouvions réunis dans cet endroit une quarantaine d’accusés, parmi lesquels étaient les quelques traîtres dont personne ne soupçonnait alors l’infâme conduite. Les prisonniers occupaient le deuxième étage du moulin, qui n’était point chauffé malgré un froid très vif de la fin de novembre ; on les tenait au régime du biscuit sec et de l’eau.