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III

PROSCRIT ET FUGITIF.


Comme il me fallait passer à travers la paroisse de Saint-Timothée pour me diriger vers les États-Unis, je résolus de m’arrêter un instant chez moi.

Il était à peu près onze heures du soir quand je me trouvai en face des ruines, fumantes encore, de mon nouvel établissement détruit, et cela après avoir rencontré sur ma route d’autres ruines faites par les soldats qui avaient mis le feu à plusieurs maisons habitées et à des granges remplies de grain. On ne rencontrait personne dans le chemin, les maisons sans lumière semblaient vouloir cacher les terreurs des femmes, des enfants et des accusés qu’elles renfermaient. Je n’osai pas aller frapper à aucune d’elles, de crainte d’ajouter à ces terreurs, de peur de compromettre les autres et de m’exposer moi-même au danger d’être surpris.