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XXIX

LE TOIT PATERNEL.


Lecteur de mes notes, mettez-vous à ma place ; imaginez que c’est vous qui vous tenez debout sur ce seuil, dans l’attente, et vous comprendrez ce qui devait se passer en moi.

Je n’attendis pas longtemps, je vous assure, et je n’eus pas la peine de répéter deux fois les mots : — « C’est moi ! » adressés à mes parents ; car ils se précipitaient vers la porte :

— C’est Xavier ! criait ma mère, c’est Xavier !

— C’est lui, répétait mon père, c’est lui !

— C’est lui, c’est Xavier ! redisait tout le monde dans la maison.

Mes tendres parents se jetèrent à mon cou, en disant : — Oui, oui, c’est notre cher enfant !

Le premier moment d’effusion passé, je me mis à genoux devant mon père et lui demandai sa bénédiction, qu’il m’accorda avec tendresse ; puis, tous, nous remerciâmes le Bon Dieu de mon heureux retour.

C’était le matin du 14 septembre 1846.

Ah ! je retrouvai bien, à mon retour au pays, les mœurs canadiennes, les douces et bonnes mœurs de nos aïeux. Aussi terminerai-je ces notes par un trait qui peint parfaitement la vie paroissiale de nos campagnes, laquelle offrait en ce moment pour moi un si frappant et si consolant contraste avec les habitudes des populations avec lesquelles je m’étais trouvé en contact