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NOTES D’UN CONDAMNÉ POLITIQUE.

Partis cinquante-huit, près de neuf ans après nous étions cinquante-cinq de retour.

Trois des treize exilés laissés derrière moi à Sydney sont arrivés plus tôt que les autres, et voici comment. Immédiatement à la suite de mes communications avec M. Roebuck et de mon entrevue avec M. Graham à Londres, je m’étais empressé d’écrire à l’un de mes compagnons, M. le capitaine Morin, pour l’informer, lui, et, par son entremise, tous les autres exilés canadiens, que certaines sommes étaient déposées à leur service à Londres ; je leur promettais, de plus, de faire, à mon arrivée au Canada, toutes les démarches possibles pour obtenir la somme nécessaire à leur délivrance. Je les engageais donc à chercher qui voudrait leur avancer les moyens de revenir en Angleterre, sur la certitude que là ils trouveraient les moyens de payer ces avances, et je leur donnais le nom et l’adresse de M. Graham, dépositaire des souscriptions du Canada.

La Providence voulut qu’un Anglais généreux se trouvât avec mon compatriote, lorsqu’il reçut cette lettre de moi. Ce monsieur, dont j’ignore le nom, dit alors à mon ami, que, sur la foi de ma lettre, il avancerait les sommes nécessaires pour payer le passage de trois exilés jusqu’à Londres, où on lui remettrait ses déboursés sur les sommes déposées entre les mains de M. Graham. En effet, l’ami à qui j’avais écrit, M. Morin, et deux de ses compagnons, MM. Morin, fils, et Rémi Pinsonneault, revin-