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NOTES D’UN CONDAMNÉ POLITIQUE.

quai sur le bateau à vapeur de la ligne de Québec à Montréal.

Je viens de dire que j’ignorais le sort de mes vieux parents ; en effet, je ne savais pas s’ils vivaient encore, n’ayant pas reçu de nouvelles d’eux à l’étranger, et n’ayant pu en avoir à Québec, où ils n’étaient point connus. C’était donc le cœur plein d’une joie mêlée d’anxiété que je remontais le cours du Saint-Laurent pour regagner le toit paternel ! Je ne dormis pas de la nuit, que je passai à marcher sur le pont par un temps magnifique ; des milliers d’étoiles brillaient au firmament, et la température était d’une tiédeur délicieuse.

En arrivant à Montréal je reçus des nouvelles heureuses de mes parents : ils m’attendaient de jour en jour, avertis qu’ils avaient été par M. Fabre. Lui-même avait reçu une lettre de M. Roebuck, apportée par le paquet de la malle d’Angleterre à New-York, lequel nous avait devancé de près de trois semaines.

Désirant me rendre immédiatement dans ma paroisse, située à vingt lieues de Montréal, je me mis de suite en frais de remplir un devoir sacré pour moi, celui de demander au peuple canadien de pourvoir au retour de mes compagnons restés en exil. J’étais occupé à écrire une communication sur ce sujet, lorsque je reçus la visite de M. Duvernay, propriétaire du journal la Minerve. M. Duvernay était accompagné de M. LePailleur, un de mes compagnons d’exil déjà au pays depuis près de deux ans.