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XXVIII

LE PAYS ENFIN.


Je ne sais pas qui répandit le bruit qu’un exilé canadien venait d’arriver des terres australes ; mais, à chaque instant, je recevais la visite de quelque citoyen de Québec (où je ne connaissais à peu près personne) qui venait me féliciter de mon retour, me souhaiter la bienvenue, et me demander des nouvelles de nos compatriotes restés en exil. On ne savait que faire pour me plaire et me prouver combien on était heureux de me voir revenir sain et sauf après tant de misères et une si longue absence. Plusieurs m’invitaient à me rendre chez eux, et m’offraient l’hospitalité de la famille ; mais, avant que j’eusse répondu à pareille invitation, un autre visiteur arrivait : alors je remerciais, me défendant sur les devoirs que j’avais à remplir envers une population qui me recevait si cordialement. — Eh bien ! demain, me disait-on alors ! Et pourquoi ne passeriez-vous pas quelques jours à Québec ?… Enfin, tout ce que l’intérêt le plus vif et la cordialité la plus grande peuvent suggérer.

Mais, j’avais hâte de voir mes parents, dont même en ce moment j’ignorais le sort. Je m’empressai de régler toutes mes affaires le lendemain, et, dans l’après-midi même, je m’embar-