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NOTES D’UN CONDAMNÉ POLITIQUE.

Il s’était écoulé environ dix mois depuis le départ des trente-huit dont j’ai parlé, lorsqu’un bon jour, un des messagers de la maison du gouverneur, Sir Georges Gipps, vint me dire que Son Excellence désirait me voir. Comme je n’avais rien à appréhender désormais, j’augurai qu’il s’agissait d’une bonne nouvelle, et ce fut le cœur plein d’espoir que je me mis à faire ma meilleure toilette, pour me rendre auprès du représentant de la Souveraine.

Son Excellence me reçut avec bonté et politesse, il avait même l’air touché en me voyant et me parlant. Il me fit part alors d’une lettre qu’il avait reçue, laquelle l’informait que plusieurs membres des Communes avaient demandé au Gouvernement de Sa Majesté de vouloir bien se charger de faire transmettre et distribuer aux exilés politiques canadiens une somme assez considérable, produit d’une souscription faite en Canada dans le but de subvenir aux frais de notre retour. Sir Georges ajouta que rien n’avait encore été fait lors du départ de la malle ; mais que, attendu qu’il était probable que le prochain paquet lui amènerait l’ordre et les moyens de nous renvoyer tous en Angleterre, il avait cru devoir me faire venir pour me prévenir et me demander d’avertir nos compatriotes de se tenir prêts.

Je remerciai Son Excellence de cette attention, tant en mon nom qu’au nom de tous mes compagnons d’exil encore présents à Sydney ; après quoi, offrant à Son Excellence mes plus gra-