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notes d’un condamné politique.

avaient amassé quelqu’argent, me proposèrent de me joindre à eux dans l’exécution d’un projet d’établissement qu’ils avaient formé, de l’avis et sur des renseignements qu’on leur avait donnés. Mes deux amis, dont le premier était cultivateur et l’autre forgeron, s’offraient à fournir le petit capital nécessaire au début et n’exigeaient de moi que la mise au service de la société de mes connaissances dans les affaires.

À douze milles de Sydney, sur le chemin alors le plus fréquenté de la colonie, il y avait un commencement de village qu’on avait déjà baptisé du nom de Irish-town, bien que cette ville irlandaise ne se composât encore que de deux auberges et de trois cabanes de colons : ce fut là que nous plaçâmes le siège de nos affaires.

Notre exploitation était imaginée dans la pensée de nous faire des chalands des voyageurs passant par ce chemin, et pour cela nous voulions avoir à leur offrir les choses dont ils devaient souvent avoir besoin en route : l’établissement devait se composer d’un petit magasin de provisions de bouche et d’articles d’épicerie, d’une boulangerie et d’une boutique de forgeron.

Ceux qui, dans notre pays, ont eu l’occasion de rendre visite à des établissements de colonisation nouveaux et éloignés des centres ou des villages de quelqu’importance, ont, sans doute, remarqué quelquefois exposés aux petites fenêtres d’une cabane de colon quelques torquettes de tabac, des pipes, des fioles renfer-