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notes d’un condamné politique.

ment bourrées de feuilles de fougères et garnies de couvertures de laine.

Nous préparâmes avec eux le dîner, et, pendant ce temps et le temps que dura le repas, nous fîmes part à nos compatriotes de notre projet de nous joindre à eux pour confectionner de la latte. Sachant que nous n’étions pas accoutumés aux travaux forestiers, ils exprimèrent certains doutes sur le résultat définitif de notre entreprise. Mais enfin, dirent-ils, comme il n’y a rien autre chose à faire dans ce malheureux pays, il faut bien essayer de tout ! — Ils s’offrirent à nous venir donner un coup de main, pour lancer notre exploitation.

Nous n’avions, ni les uns ni les autres, de temps à perdre ; un labeur continuel et une sévère économie étaient de rigueur alors dans la Nouvelle-Galles du Sud, on ne se tirait pas d’affaire à moins ; aussi, immédiatement après le dîner et le petit bout de conversation qui en fut comme le dessert, nous allâmes nous mettre à l’ouvrage. Il était environ une heure de l’après-midi quand nous commençâmes notre besogne, nos dix amis nous dirigeant et nous aidant.

Un arbre énorme, ayant au moins six pieds de diamètre sur la souche et une longueur de plus de cent pieds, fut abattu et coupé en billots de quatre pieds de long, longueur que devaient avoir nos lattes. Nos amis, qui nous avaient aidé, dans cette première opération, nous enseignèrent alors les meilleurs pro-