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XX

LE CHANTIER CANADIEN.


Le chantier canadien était à neuf milles seulement de Sydney, sur le côté opposé de la rivière Paramata, et à trois milles des bords de la rivière. C’était en pleine forêt ; mais un sentier bien tracé y conduisait : aussi n’eûmes-nous aucune peine à le suivre.

Après informations prises, nous avions décidé, M. Bourdon et moi, de nous mettre à faire des lattes, et nous avions monté notre outillage dans ce but. Les raisons qui nous avaient déterminés à choisir la latte pour objet de notre production étaient : 1o que nous ne faisions pas concurrence à nos camarades du chantier, occupés exclusivement à préparer du bois de charpente et du bois de sciage ; 2o que l’ouvrage requis, pour cette transformation du bois de la forêt, demandait moins d’habitude des travaux forestiers en général.

Partis le matin de Sydney, nous traversâmes la rivière, et, vers midi, nous atteignîmes le chantier, où bientôt arrivèrent de l’ouvrage, pour dîner, nos amis tout réjouis de nous voir. Nos hôtes du moment étaient logés dans une cabane spacieuse, construite d’éclats de bois et recouverte d’écorce d’arbres : tout autour régnait, comme dans les chantiers du Canada, une rangée de couchettes mollement et abondam-