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NOTES D’UN CONDAMNÉ POLITIQUE.

campagne du marchand était située, à quatre milles environ de Sydney. C’était un beau domaine, dont huit acres seulement étaient en ce moment défrichés et mis en culture jardinière. Le personnel de l’exploitation, auquel je venais m’ajouter, se composait d’un chef jardinier et de cinq prisonniers loués.

Les logements se composaient : 1o d’une maison de campagne, petite mais assez élégante, bien meublée, et ornée à l’extérieur de plantes grimpantes : c’était le cottage dans lequel logeait la famille du propriétaire dans le cours de ses promenades à la campagne ; 2o d’une case qui servait de logis au chef de culture et à sa famille ; 3o d’une autre case qu’habitaient les cinq travailleurs loués.

Le fils de mon maître, qui était un fort joli garçon, m’introduisit dans le cottage de la famille, et, me montrant une excellente chambre à coucher qui s’y trouvait, me dit que son père lui avait donné l’ordre de m’y installer et de me dire, de sa part, qu’il savait faire la différence entre les autres condamnés et moi, et qu’il entendait que je fusse respecté et traité comme un honnête homme que le malheur, et non le crime, avait conduit dans ce pays.

Je remerciai de tout mon cœur mon excellent interlocuteur, et je le priai de vouloir bien offrir à son père l’expression de ma profonde reconnaissance, pour les égards qu’il avait pour moi ; je l’assurai que je tâcherais de reconnaître leurs bontés par mon exactitude au travail et mon