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XIX

JE DEVIENS JARDINIER.


Avant de retourner à un établissement pénal, j’étais déterminé à épuiser tous les moyens possibles : je redoublai donc de recherches et d’instances ; et, cette fois, la Providence aidant, j’eus un plein succès. L’occupation que j’obtins était celle d’aide-jardinier ; mon nouveau maître était un marchand-tailleur, ancien prisonnier libéré, qui s’était enrichi pendant les années de prospérité de la colonie, et qui avait eu la sagesse de ne pas dissiper son avoir dans les folles spéculations qui en avaient ruiné tant d’autres.

J’allai faire part de ma bonne fortune au capitaine McLean, et, muni des papiers nécessaires signés par mon nouveau maître, je me fis transférer en due forme du service de mon Français de l’Île Maurice au service du marchand de Sydney ; car cette formalité était nécessaire pour régulariser ma position. Les conditions du dernier contrat, du louage de ma personne, étaient les mêmes que celles dont j’ai déjà rendu compte.

Par mon transfèrement, de confiseur que j’étais je devenais jardinier, et, dans chacun des deux cas, sans le moindre apprentissage.

Le lendemain, je partis en chaloupe avec le fils de mon maître, pour remonter la rivière Paramata, sur les bords de laquelle la propriété de