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notes d’un condamné politique.

quelle suite il pouvait avoir sur le sort de ceux qui comptaient sur notre concours, et auxquels ce concours était promis.

M. de Lorimier n’avait jusque là pris aucune part active au mouvement, du moins à ma connaissance personnelle. Sur la réponse faite aux personnes que je viens de désigner, le projet qu’elles proposaient fut abandonné, et chacun accepta, dès lors, avec résignation, les conséquences de ce qui pouvait advenir.

Dans la nuit du 5 au 6, on vint annoncer que les sauvages du Sault Saint-Louis s’avançaient contre le village de Beauharnais. Il était en ce moment environ deux heures du matin, et la nuit était d’une obscurité extrême. L’appel aux armes fut de suite fait, et aussitôt que réunis, ce qui ne prit qu’un instant, nous nous mîmes en marche à la rencontre de l’ennemi. Mais on avait fait erreur, et, à la suite d’une marche difficile et fatigante, nous regagnâmes nos quartiers.

Pendant notre séjour au village, les femmes et les enfants des cultivateurs de la paroisse nous apportaient des provisions que nous préparions de notre mieux, et nous logions dans divers édifices et diverses maisons du village, par escouades.

Le 6, je reçus une invitation à dîner à bord du bateau à vapeur, de la part du capitaine, M. Wipple, alors prisonnier sur parole avec son équipage. J’acceptai, et ce fut le premier repas