Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/168

Cette page a été validée par deux contributeurs.
173
notes d’un condamné politique.

des armateurs anglais qui avaient transporté aux terres australes ces masses d’immigrés dénués de tout.

Alors arrivèrent successivement la gêne, l’escompte usuraire, puis le sacrifice des propriétés, puis les banqueroutes. Les spéculateurs, qui avaient acheté, sans même les connaître, des terres situées au fond des forêts au prix extravagant de plusieurs livres sterling l’acre, ne pouvaient déjà plus réaliser un seul denier comptant de terres excellentes placées dans le voisinage de Sydney, même à des prix excessivement réduits.

La misère était telle que le gouvernement fut obligé de faire construire des abris pour les immigrants, et de nourrir ces malheureux pendant un temps assez considérable.

Telle était la situation de la Nouvelle-Galles du Sud, au moment où je sortais du bureau du brave capitaine McLean, pour chercher de l’emploi dans la ville de Sydney. Les gens en quête de positions se coudoyaient dans les rues et dans les boutiques : les négociants et les industriels se voyaient assaillis par plus de solliciteurs que de chalands.

Pendant quinze jours, j’allai frapper aux portes et aux cœurs, heurté partout par des compétiteurs nécessiteux, sans pouvoir trouver la moindre chose à faire. J’avais d’abord cherché quelqu’emploi qui fût en rapport avec mes goûts et mes aptitudes, puis je m’étais rabattu sur des emplois moins acceptables, puis enfin je