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XVIII

EN QUÊTE D’UNE SITUATION.


J’avais conservé, dans un repli du couvert de mon livre de prières, quelques pièces d’or apportées du Canada, et qui, de cette sorte, avaient échappé à la confiscation générale opérée à bord du Buffalo : à cette ressource s’ajoutaient les quelques schellings de salaire qui m’avaient été payés par les confiseurs.

J’allai me pensionner chez un homme qui était venu nous rendre quelquefois visite à Long-Bottom. La raison de l’intérêt que ce colon de Sydney nous portait venait de ce qu’il avait autrefois habité Montréal, où il avait appris à parler passablement le français. Ce souvenir du Canada qui l’avait porté, lui, à nous rendre visite, me porta, moi, à aller prendre pension dans sa famille.

Le brave capitaine McLean m’avait donné de sages conseils, et m’avait averti que je rencontrerais beaucoup de difficultés à trouver de l’emploi dans Sydney : il m’avait mis au fait de l’état extrême de gêne qui paralysait les affaires et m’en avait expliqué les causes. Le fait est que toute la colonie subissait, en ce moment, une crise financière épouvantable ; on était menacé d’une banqueroute générale, et chaque jour était marqué par l’annonce de faillites plus ou moins considérables.