Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/156

Cette page a été validée par deux contributeurs.
161
NOTES D’UN CONDAMNÉ POLITIQUE.

Les conditions de notre louage étaient : 1o qu’on devait nous tenir à des occupations en rapport avec nos forces, nos aptitudes et nos occupations d’autrefois ; 2o qu’on devait payer pour chacun de nous sept schellings et six deniers par semaine, dont trois schellings et dix-huit sous devaient nous être donnés pour notre entretien, et trois schellings et dix-huit sous devaient être déposés, comme pécule à notre avoir, dans une Banque d’Épargne ; 3o qu’on devait nous donner dix livres de bœuf frais, dix livres de farine de blé, une livre de sucre et quatre onces de thé noir par semaine, comme ration alimentaire.

Les loués sont tenus de préparer et de faire cuire eux-mêmes leurs aliments, et on les loge dans de petites cases séparées de la demeure du propriétaire ; à peu près comme les esclaves noirs dans les plantations d’Amérique. Les heures des repas étaient comme suit : le déjeuner, à sept heures du matin ; le dîner, à midi ; et le souper, après la journée de travail, qui durait de six à six, avec interruption d’une heure pour cuire et prendre le déjeuner, et d’une heure pour le dîner.

Il est défendu au loué de sortir de la propriété de son maître après ses heures de travail. Pour sortir, le dimanche, il doit porter sur lui un permis écrit portant la signature de son maître : sans cette précaution, on est à peu près certain d’être arrêté par la police à cheval, qui bat sans cesse le pays, pour protéger les habitants contre les attaques des coureurs-de-bois (bush-rangers)